Bibliothèque des Grands Carmes de Besançon

Papier

Bien que le titre de l'ouvrage soit en langue latine, nombre des parties de cet ouvrage sont en langue française : les documents et extraits sont généralement en langue latine. On a coupé ou arraché un assez grand nombre de feuillets dans ces volumes : quelquefois ces mutilations portent sur des articles entiers, souvent sur des pages qui terminaient les articles et touchaient aux événements contemporains de l'auteur.

Quel a été cet auteur ? La Bibliothèque historique de la France (supplément au tome I, nos 13692 et 13696) indique le P. André de Saint-Nicolas comme l'auteur des diverses sections de l'ouvrage dont nous possédons le manuscrit ; mais c'est à tort. A plusieurs reprises, en effet, le P. André est cité et même critiqué dans l'ouvrage, tandis que l'auteur, qui parle quelquefois de lui, se nomme toujours à la première personne, sans toutefois décliner jamais son nom. Le manuscrit est d'ailleurs autographe, et l'écriture n'est pas celle du P. André de Saint-Nicolas. Il est cependant certain que ce savant religieux a possédé notre manuscrit et qu'il s'en servait pour la composition du grand ouvrage auquel il voulait donner le titre de Gallia carmelitana. Les coupures opérées dans le manuscrit proviendraient-elles de son fait ?

Sur l'auteur du manuscrit, quelques indications biographiques résultent du dépouillement de son ouvrage. Il était Carme de l'ancienne observance et appartenait dans cet Ordre à la province dite de Narbonne. Au mois de juillet 1678, il venait se réinstaller au couvent de Lodève ; en 1688, il était à Rome, au couvent de Santa Maria Transpontina, où il dit avoir travaillé sous la direction du savant P. Louis Perez de Castro. Dès le mois d'octobre 1688, on le voit prieur du couvent de Lunel, poste qu'il occupait encore au mois de septembre 1690. Le 19 avril 1691, il était à Lyon, aux obsèques du P. Paul Lombard. Il avait exploré, pour son ouvrage, les archives générales de l'Ordre, au couvent de la Transpontine, à Rome, et, en France, les papiers des couvents d'Aix et de Montpellier.

Dans l'un de ses volumes (volume E, fol. 181), on trouve, écrite de sa main, la minute d'un traité d'association pour l'entreprise d'une histoire générale des couvents de Carmes existant en France, ouvrage qu'allaient entreprendre, en 1665, deux religieux de la province de Narbonne, les PP. Jean-Louis Gallien et André de Saint-Nicolas. Le manuscrit qui nous occupe n'étant pas du P. André de Saint-Nicolas, devrait-on le considérer comme étant l'œuvre du P. Jean-Louis Gallien ? La question est absolument résolue dans ce sens par le projet, annexé à notre premier volume (fol. 193 vo), du titre d'un supplément aux Annales du P. Joannes de Lezana, par un religieux appelé « Joan. Lud. », c'est-à-dire ayant les prénoms du P. Jean-Louis Gallien. La rédaction de notre manuscrit a eu lieu entre les années 1685 et 1691.

Voici le sommaire du contenu de chacun des volumes :

Volume A. Il est intitulé sur le dos : « Collectanea generalium Carmel., tomus primus. » C'est, en effet, le commencement d'une histoire des prieurs généraux de l'Ordre des Carmes, avec l'indication des principaux événements survenus dans l'Ordre pendant l'administration de chacun d'eux. Le premier cahier, relatif au généralat de S. Berthold (1145-1188), a été enlevé. Le volume débute avec le deuxième cahier, qui contient une notice sur « saint Gérard, évesque de Canadie en Hongrie, martir ». Avec le quatrième cahier (fol. 72), les Annales des prieurs généraux reprennent, avec une notice sur « saint Brocard, deuxième général de l'ordre ». La dernière notice (fol. 181) concerne le généralat de Cristoforo Martignoni, de Brescia (1472-1481). Le volume se termine par la transcription de trois sentences pontificales relatives à l'Ordre des Carmes, rendues entre les années 1473 et 1475 (fol. 187).

Volume B. Il est intitulé sur le dos : « Collectanea general. Carmel., tomus secundus. » C'est la continuation de l'histoire des prieurs généraux, avec l'analyse des registres de leurs visites et des actes des chapitres généraux tenus pendant l'administration de chacun d'eux. A la suite de plusieurs actes pontificaux de l'année 1483, concernant les Carmes, le volume donne (fol. 7) la notice du généralat de Pons Raynaud (1481-1502). Il se termine (fol. 191) par celle du généralat de Enrico Silvio, d'Asti (1598-1612). Dans les analyses des actes de divers chapitres généraux, il est question de la réforme du couvent des Carmes de Besançon, faite en 1569, à la requête du cardinal de Granvelle, par le P. Barthélemy Esprit (fol. 89 vo). Il est ensuite (fol. 98 vo-100) fait un grand éloge des talents du P. Nicolas Routier, religieux du couvent de Besançon, longtemps secrétaire général de l'Ordre, reçu docteur en 1575. On trouve plus loin (fol. 201) l'ordonnance rendue par le général de l'Ordre en 1601, pour rattacher définitivement à la province de Narbonne le couvent de Besançon, fondé en 1392, par l'amiral Jean de Vienne, pour demeurer attaché à la province de France, circonscription dont il avait été distrait en 1580, en raison de la difficulté des rapports de la Franche-Comté avec la capitale de la France. Le narré sommaire d'une visite de ce même couvent, par le général de l'Ordre, dans les derniers jours de l'année 1604, donne la liste des religieux qui composaient alors cette maison (fol. 223 vo).

Volume C. Il est intitulé sur le dos : « Collectanea general. Carmel., tomus 3. » C'est la continuation et la fin du précédent. Ce volume débute (fol. 2) par la notice du généralat de Sebastiano Fantoni (1613-1623). On y trouve (fol. 29) d'intéressants détails sur le P. Robert Berthelot, évêque de Damas et suffragant du siège de Lyon. Parmi les délibérations du chapitre général tenu à Rome, en 1645, il y a lieu de signaler celle qui recommande « d'establir dans chaque couvent un ou deux religieux capables pour escrire et remarquer les choses notables pour l'histoire de l'ordre » (fol. 60 vo). Le dernier généralat figurant dans le volume est celui de Angelo Monsignani, élu en 1682 et qui gouvernait encore l'Ordre, quand l'auteur de notre recueil écrivait (fol. 111). Le volume se termine par trois relations sommaires de chapitres provinciaux, le premier de la province de France (1686), le second de la province de Narbonne (1687), le troisième de la province de Touraine (1687) (fol. 115).

Volume D. « Pars secunda, tomus primus, catalogus procuratorum generalium ordinis in curia Romana et priorum provincialium octo primarum provinciarum et earumdem conventuum ; cui praefixa est disquisitio historica de numero, ordine, loco et erectione provinciarum » (fol. 2). Les huit premiers feuillets du volume ayant été arrachés, la « disquisitio historica de erectione provinciarum » débute par la fin de l'art. 14, qui est suivi de l'art. 15 concernant la « provincia Veneta » (fol. 7). Après la « disquisitio » vient un chapitre intitulé : « De procuratoribus generalibus ordinis in Romana curia » (fol. 14-41), série de notices sur les procureurs généraux de l'Ordre en cour de Rome, depuis 1318 jusqu'à 1687. On trouve ensuite les monographies des huit premières provinces de l'Ordre : celles de la Terre Sainte (fol. 42), de Sicile (fol. 56), d'Angleterre (fol. 77), de Narbonne (fol. 135), de Rome (fol. 205), de France (fol. 241), de la basse Allemagne (fol. 259), de la Lombardie (fol. 285). Ces monographies comprennent une série de notices sur les couvents de chaque province et une suite de notices biographiques sur la vie et les actes des religieux y ayant exercé le provincialat. Ces biographies sont particulièrement détaillées dans le chapitre consacré à la province de Narbonne ; on peut y signaler les notices concernant Barthélemy Esprit, de Semur, qui réforma le couvent de Besançon en 1569 (fol. 179) ; Désiré Buffet, de Dommarien, au diocèse de Langres (fol. 185) ; son neveu François Buffet, qui apostasia et mourut à Metz en 1611 (fol. 184) ; Edmond Matherot, de Semur (fol. 189) ; Robert Berthelot, de Fuilly en Bourgogne, qui devint évêque de Damas et suffragant de Lyon (fol. 191), etc. Est à signaler aussi (fol. 206) une notice descriptive de l'église et du couvent de Santa Maria Transpontina, à Rome : l'auteur y rapporte l'inscription mentionnant les embellissements faits, en 1639, dans la chapelle de Sainte-Madeleine de Pazzi, aux frais du Carme François Bidau, originaire de Granvelle, en Franche-Comté.

Volume E. Sur le dos de ce volume, on lit un titre ainsi conçu : « Collectanea conventuum provincie Narbonensis. » Le volume contient, en effet, des notices, plus ou moins rédigées, sur un certain nombre des couvents de Carmes qui constituaient la circonscription de cet Ordre que l'on appelait la province de Narbonne. Une notice sur le couvent de Nîmes ouvre le volume. Les couvents qui ont les plus longs articles sont ceux du Puy (fol. 70), de Tournon (fol. 114), d'Arles (fol. 185), de Lunel (fol. 239) et de Lodève (fol. 257). Une courte note, en langue latine, sur le couvent de Besançon (fol. 180) indique sommairement les sépultures de marque qui existaient dans l'église de ce monastère, particulièrement celles de la famille Perrenot de Granvelle.

Volume F. Sur le dos de ce volume, un titre est ainsi conçu : « Collectanea provincialium Carmel. » Le volume débute par des extraits de manuscrits donnant des notices chronologiques sur les prieurs généraux des Carmes : le principal de ces manuscrits est du P. Nicolas Coc, provincial de la province de Narbonne (fol. 9). Vient ensuite (fol. 46) un travail de l'auteur sur « l'establissement, le nombre et le rang des provinces de nostre ordre » ; les divers articles de ce travail sont accompagnés de catalogues des provinciaux de chacune des provinces de l'Ordre. Il s'y trouve (fol. 160) une note indiquant de quelle manière le couvent de Besançon, rattaché à la province de France dès sa fondation par l'amiral Jean de Vienne, en 1392, fut réuni à la province de Narbonne, en 1580. Sept pages d'une écriture italienne (fol. 187) donnent la série des distiques latins consacrés par le P. Clément Fellini, de la congrégation des Carmes de Mantoue, à la gloire des saints de l'Ordre. Le reste du volume se compose de transcriptions de pièces et de notices non classées. Telles sont : une notice latine sur le P. Luis Perez de Castro, mort à Rome en 1689 (fol. 210) ; les épitaphes d'un certain nombre de dignitaires de l'Ordre des Carmes (fol. 218) ; le catalogue des religieux Carmes licenciés à la Faculté de théologie de Paris, depuis 1360 jusqu'en 1687 (fol. 227) ; le catalogue des provinciaux de la province de Provence (fol. 233) ; divers souvenirs notés par l'auteur, lorsqu'il remplissait les fonctions de prieur du couvent de Lunel, de 1688 à 1690 (fol. 275) ; une ordonnance du roi de France Charles VII relative à la réfection des latrines du couvent des Carmes de Toulouse, en 1443 (fol. 300), etc.

Volume G. Sur le dos, on lit ce titre : « Collectanea provinciarum et conventuum ord. Carmel. » C'est une statistique des couvents de l'Ordre des Carmes, province par province, établie d'après les rapports fournis aux chapitres généraux de l'Ordre, entre les années 1675 et 1686. Cette statistique débute par « les couvens de la province de la Terre sainte, avant que les religieux en fussent entièrement chassez ». Viennent ensuite (fol. 6) « les couvens qui sont à présent, 1684, de la province de Saint-Albert [ou de Sicile], deuxiesme province de l'ordre ». Ce qui concernait les quatrième et cinquième provinces a été arraché. Il en a été de même pour les pages relatives aux provinces neuvième, dixième, onzième et treizième. Manquent également les statistiques des provinces trente-deuxième, trente-quatrième, trente-cinquième, trenteseptième et trente-huitième. Dans son état actuel, le volume se termine par la notice des « couvens de la province de Piedmont, 39e » (fol. 101). A la suite de quoi sont les vestiges de dix feuillets déchirés. Entre la notice de la province de Toulouse (16e de l'Ordre) et la notice de la province de Catalogne (17e), l'auteur a introduit (fol. 34-67) un important travail sur l'histoire de la congrégation de Mantoue, branche isolée de l'Ordre des Carmes, sur les supérieurs et sur les nombreux couvents qu'elle avait en Italie.

Reliure carton, couvert de parchemin