« A la loupe » (2014)
LIP : une entreprise bisontine
L’entreprise LIP a été l’un des fleurons de l’industrie horlogère de Besançon. Les archives municipales ont reçu en 2011 en dépôt, un fonds d’archives en provenance du musée du Temps. Ces documents avaient été récupérés dans l’urgence en juillet 1982 sur le site des Usines LIP de Palente par le conservateur du musée du Temps de l’époque, Madame Mauerhan. Sans cette intervention, ces documents seraient aujourd’hui perdus.
Ces archives qui ne couvrent pas toutes les périodes de l’existence de l’entreprise ont fait l’objet d’un classement. Le fonds est consultable en salle de lecture aux Archives municipales. Ces archives « privées » n’ont pas encore été numérisées mais l’inventaire est en ligne sur le site « Mémoire Vive » :

L’entreprise a été fondée en 1867 par Emmanuel Lipmann, le grand père de Fred LIP. « Le comptoir Lipmann » était installé au centre ville de Besançon au n°14 de la Grande Rue et employait une quinzaine d’ouvriers.

Le développement de l’entreprise est très rapide et dès 1902-1903 l’usine quitte la Grande Rue pour la rue des Chalets dans le quartier de la Mouillère et compte alors environ 80 employés.

En 1908 la marque LIP est déposée et les cadrans des montres s’ornent des trois lettres LIP. Dès 1911 l’entreprise innove dans le domaine de la publicité (affichage public et acquisition d’espaces dans les magazines).

A partir de 1914, LIP commence à fabriquer des pièces d'armement. Dès 1934 les employés de LIP sont parmi les premiers à bénéficier de congés payés. Pendant la seconde guerre mondiale, l’usine occupée par les allemands devient une unité de montage, pour la firme allemande JUNGHANS.
En 1945, Fred LIP, le petit fils du fondateur devient le PDG de l’usine qui ne cesse de se développer. La première montre électronique jamais fabriquée est présentée en 1952 et est commercialisée à partir de 1958.

A l’étroit dans ses ateliers de la Mouillère, les établissements LIP s’installent à Palente dans une usine ultramoderne pour l’époque sur près de 9 ha. Un réseau de transports en commun permet aux 1500 employés d’accéder facilement à leur lieu de travail. L’établissement possède un restaurant d’entreprise et même une crèche.

Au début des années 1970 l’entreprise connait des difficultés économiques et Fred LIP quitte la direction en février 1971. Ce qu’on appellera l’affaire LIP démarre en juin 1973 lorsque le groupe Suisse Ebauches SA qui détient 43% du capital, révèle un plan de licenciements. Les salariés démarrent un mouvement de grève et occupent l’usine de Palente. Le stock de montres est dissimulé puis revendu lors d’une occupation « portes ouvertes ». Le 15 juin une manifestation réunie 12 000 personnes à Besançon. La reprise du travail est votée le 18 juin sur le mode de l’autogestion « c’est possible, on fabrique, on vend, on se paie ».
Le plan de sauvetage proposé par le ministère de l’Industrie de l’époque est rejeté par les ouvriers et le 29 septembre 100 000 personnes défilent dans les rues de la ville.
Le photographe de l'Est Républicain Bernard Faille a couvert le conflit. Ces photographies ont été données en 2012 à la bibliothèque municipale de Besançon.

Le 29 janvier 1974, la signature des accords de Dole met en place un plan de relance. La Compagnie européenne d’horlogerie, dirigée par Claude Neuschwander, reprend alors les activités horlogères de LIP
A la fin de l’année 1977, six coopératives appelées « Les Industries de Palente » sont créées : mécanique, horlogerie, restauration, bois et tissus, imprimerie, loisirs. Mais, les différents plans de relance mis en place pour sauver l’usine échouent et la fermeture de l’usine de Palente, en 1981, marque la fin du conflit.

En 1984, la marque est rachetée par la société Kiplé qui est mise en liquidation en 1990. Jean-Claude Sensemat, industriel du Gers, acquiert la marque horlogère auprès du tribunal de commerce de Besançon et tente de la développer avec une approche marketing plus moderne.