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  « A la loupe » (2017)

Proudhon : l'employé modèle était un anarchiste

De 1843 à 1847, Proudhon travaille à Lyon comme comptable et chef du contentieux pour la Compagnie des bateaux de la Saône et du Rhône, qui appartient à la famille Gauthier.

Proudhon est accepté à leur table comme un membre de la famille, ce qui ne correspond pas à l’image que l’on se fait du père de l’anarchisme, qui écrivait en 1840 : « La propriété, c’est le vol ! »​

Portrait de Proudhon vers 1840-1850 (EST.FC.2693)

« Lyon, 7 septembre 1843. Mon cher Victor, le Dragon est parti du Quart, où j’étais allé faire un tour pour surveiller la marche de nos gens, hier à 5 heures du matin. »​ 

Lettre aux frères Gauthier (Ms 2608, f. 1) 

Proudhon a étudié au lycée de Besançon en 1838 avec Antoine Gauthier (et Gustave Courbet), lorsqu’il a pu reprendre ses études pour passer le baccalauréat. 

En 1842, Proudhon se défend seul lors du procès de Besançon dirigé contre son ouvrage « Avertissement aux propriétaires ». Malgré cela la famille Gauthier l'embauche en 1843 dans leur compagnie de batellerie.​   

« J’ai le malheur que les magistrats de ma province sont moins exactement renseignés sur mon compte que la préfecture de police. »​ 

« Ma Défense », procès aux Assises du Doubs, 1842 (Ms 2813, f. 1)

« J’écrivais, il y a un an, à MM. de l’Académie de Besançon : Tôt ou tard, le gouvernement, quel qu’il soit, m’honorera, je n’aurai pas besoin pour cela de changer de conduite ni de maximes. »

« Ma Défense », procès aux Assises du Doubs, 1842 (Ms 2813, f. 28)

La compagnie Gauthier assure le transport du charbon produit à Rive-de-Gier dans tout l’Est de la France, et le transport du vin produit à Besançon. Elle doit faire face à la concurrence du chemin de fer naissant ; Proudhon écrit à cette période des lettres au Ministère des transports pour demander la libre circulation sur les canaux, et pour démontrer que ceux-ci sont plus économiques à aménager, et pourraient réduire le prix des produits de première nécessité.​ 

« A Monsieur le Ministre des transports publics, les voituriers et entrepreneurs de transports par eau, sur le canal du Rhône au Rhin. » ​

« Monsieur le Ministre, Jamais il ne nous est arrivé de nous plaindre. Nous croyons à la bienveillance de l’administration ; nous sommes convaincus du zèle de ses principaux fonctionnaires à procurer le bien du Commerce, et ne venons accuser personne. Mais il nous est impossible de garder plus longtemps le silence sur les obstacles de toute nature que nous rencontrons dans le parcours du canal du Rhône au Rhin. »

Ms 2861, f. 1 

 

« La traversée de Besançon est hérissée de difficultés. D’abord, l’entrée de la gare de Chamars, naturellement difficile, est encombrée de pierres de taille qui crèvent les bateaux et occasionnent à chaque instant des avaries. On a averti l’ingénieur de la localité, lequel a répondu que cela regardait la Ville. On s’est adressé à la Ville, laquelle a dit que cela regardait les Ponts et Chaussées. »​

Ms 2861, f. 1 v° 

La question du « juste prix » est importante pour Proudhon. Il a déjà connu l’expérience de la faillite avec sa propre imprimerie à Besançon (vers 1838), après son tour de France comme ouvrier imprimeur. En 1826, c’est la faillite de l’entreprise de tonnellerie de son père qui l’avait forcé à arrêter ses études. Lorsque l’entreprise Gauthier connaît une forte croissance, et emploie jusqu’à une centaine de personnes, il s’inquiète du risque de supporter des frais généraux trop importants.​ 

Tarif de Gauthier frères, 1847 (Ms 2861, f. 21)

« Dans la nuit du 26 novembre 1850, le Dragon descendait la Saône, remorquant deux bateaux de marchandises attachés à ses flancs… »​

Procès pour une collision entre des bateaux, plusieurs ayant coulé : Gauthier frères contre les compagnies d’assurance La Générale, La Mayençaise, La Riveraine ​(1850)

Ms 2861, f. 121

Proudhon mène de front son travail chez les Gauthier et ses activités politiques à Paris. Il publie en 1846 « Système des contradictions économiques ou Philosophie de la misère », en opposition à Karl Marx qu’il a rencontré à Paris en 1845. Celui-ci réplique par « Misère de la philosophie ».

Proudhon se méfie de l’action révolutionnaire pour transformer la société, qui risque de mener à l’arbitraire. Sa théorie de l’anarchisme est plus orientée vers les possibilités d’ascension sociale pour des ouvriers-artisans, tandis que le marxisme met en avant la lutte des classes dans les usines.​

« Publiquement, on nous reproche de compromettre la Révolution par la critique que nous faisons du principe gouvernemental, comme on nous reprochait, à une autre époque, de la perdre par la critique que nous faisions du principe du capital. »​

« Résistance à la Révolution », dans la Voix du Peuple, 25 novembre 1849​.

Mélanges (1870), 230287, t. 3 

D’après la présentation d’Edward Castleton à la bibliothèque (Une heure un livre, 30 mars 2017)​. 

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