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 « A la loupe » (2016)

La loge Sincérité, Parfaite Union et Constante Amitié Réunies

Besançon possède treize loges maçonniques. La plus ancienne est la loge Sincérité, Parfaite Union et Constante Amitié Réunies (abrégé en SPUCAR). Il s'agit également d'une des plus anciennes loges de France car son existence est avérée dès 1764. Comme son nom le laisse deviner, elle est l’héritière de trois loges qui ont fusionné au cours des siècles : La Sincérité, La Parfaite Union et La Constante Amitié.

La loge SPUCAR a déposé ses archives et une partie de sa bibliothèque aux Archives municipales de Besançon en 2013 (fonds 20Z) et en 2014 (fonds 25Z). Ces documents sont très intéressants pour connaître le fonctionnement et l’histoire d’une loge maçonnique.

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Les livres d’architecture

20Z 50 : loge La Constante Amitié, livre d’architecture (1823-1826) Les livres d’architecture

Les Archives municipales possèdent plusieurs registres de délibérations des réunions de la loge, appelés dans le langage maçonnique des livres d’architecture.

Certains d’entre eux ont une valeur historique particulière, à l’exemple du premier registre de délibérations de la loge La Sincérité qui date de 1764 ou du livre d’architecture de la loge La Constante Amitié couvrant les années 1823-1826 : ce registre est important car c’est le seul qui subsiste pour cette loge, les autres ont probablement été détruits ou perdus au cours des siècles.

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20Z 50 : loge La Constante Amitié, livre d’architecture (1823-1826)

Parmi les détails intéressants figurant dans ce livre d’architecture, on peut mentionner le beau tableau de loge en couleurs de la première page : il s’agit d’une représentation de différents symboles maçonniques tels que l’étoile flamboyante, le soleil et la lune, la pierre brute et la pierre taillée, les deux colonnes J et B surmontées de grenades… La représentation du compas et de l’équerre est assez inhabituelle car ces deux outils ne sont normalement pas disposés ainsi.​

Les diplômes

25Z 3 : loge La Sincérité, attestation de grade et d’appartenance à la Loge vierge (s.d.)

Les archives de la Loge de Besançon contiennent une belle collection de diplômes, du XVIIIe au XXe siècle : ces documents permettaient aux membres de la Loge (appelés Frères dans le langage maçonnique) de prouver leur appartenance à une Loge et l’obtention de certains grades.

On a ici un diplôme dessiné par le dessinateur et sculpteur Claude-Joseph Fraichot (1732-1803). Il est courant dans la franc-maçonnerie de faire appel à des artistes parfois très renommés (comme François Boucher) pour dessiner ces diplômes.

Le diplôme illustré par Fraichot est le plus ancien conservé aux Archives municipales et sera utilisé jusqu’au début du XIXe siècle. Il est très intéressant et curieux de par les symboles représentés : le pont, l’ancre de marine et le serpent à trois têtes sont des symboles très peu courants et dont on ignore la signification (sans doute des « fantaisies » de l’auteur).

25Z 151 (recto) : Attestation émise par la loge des Frères réunis de la 3e division de l’armée belge

Le diplôme conservé sous la cote 25Z 151 illustre parfaitement la pratique courante au XIXe siècle d’annotation du verso des diplômes​ : les loges visitées par le Frère indiquent quand ce dernier est venu et s’ils lui ont attribué de nouveaux grades. Ces informations sont très utiles pour en apprendre plus sur la « carrière maçonnique » d’une personne.

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25Z 151 (verso)

Ici, sept inscriptions manuscrites au verso permettent ainsi de savoir qu’Augustin Ronflette a été à Tournay de 1834 à 1838, puis à Bruxelles en 1839.

Ce diplôme est par ailleurs intéressant car il concerne un Frère membre d’une loge militaire : ces dernières ont la particularité de ne pas être situées dans un lieu fixe, mais de voyager avec le régiment dont sont originaires les Frères qui la composent.

20Z 144 : Diplôme attribué par la loge Patrie-Humanité de Mexico (Mexique)

Il s’agit d’un exemple de diplôme témoignant de liens d’amitié entre loges : si on possède tout naturellement des gages d’amitié avec des loges franc-comtoises, alsaciennes ou suisses, ce diplôme est plus étonnant car provenant d’une loge d’Amérique du Sud. Il est attribué au Frère Nicolas Bruand pour mettre en avant son rôle de garant de l’amitié entre cette dernière et la loge Sincérité, Parfaite Union et Constante Amitié Réunies (1888)​.

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Des Maçons polonais à Besançon​ 

25Z 152 : détail en-tête de la lettre

Le fonds d’archives de la loge maçonnique de Besançon comporte plusieurs documents relatifs à un épisode assez peu connu de l’histoire bisontine : l’accueil de Polonais après l’échec de «l’Insurrection de novembre» (1830-1831, soulèvement polonais contre la domination russe). De nombreux membres des élites et de l’armée polonaise s’exilent en Europe et plus particulièrement en France.

A Besançon, les réfugiés sont surtout des militaires mais aussi des francs-maçons : 35 sont accueillis au sein de la loge La Constante Amitié, d’autres forment leur propre loge.  

25Z 152 : Comité central en faveur des Polonais, ouverture d’une souscription pour aider les Frères Polonais réfugiés en France : correspondance (1832)

Cette lettre attire l’attention du fait de l’identité de la personne qui   l’a signé : le marquis de La Fayette. Le héros de la guerre d’indépendance   américaine était également un fervent défenseur de la cause polonaise : le 28   juillet 1830, il avait été nommé président du Comité franco-polonais et   premier grenadier de la Garde nationale polonaise.
 

Pour secourir les Polonais (et notamment les Maçons) arrivés en France   après l’Insurrection de novembre 1830, il crée le 12 février 1831 le Comité   central en faveur des Polonais pour coordonner l’aide qui leur sera apportée.   Le 28 février 1832, le comité ouvre une souscription et lance un appel à   l’aide à toutes les loges de France : c’est le document qui est présenté   ici.
 

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25Z 4 : Attestation émise par la loge La Constante Amitié certifiant que le Frère Charles Guderley possède le grade de Maître (1832)

Les archives de la loge de Besançon sont composées de nombreux documents relatifs à l’accueil et l’aide apportée aux Maçons polonais par la loge La Constante Amitié : correspondance relative à leur accueil, lettres de remerciements de Maçons polonais… mais aussi une collection d’environ 15 diplômes.

Celui présenté ici est extrait de cette collection : son possesseur, Charles Guderley, est né à Grodno (ou Hrodna, c’est une ville de Biélorussie et non pas de Lituanie comme mentionné dans le diplôme) et lieutenant au 6e régiment de chasseurs à pied de l’armée polonaise.

Ce diplôme est intéressant d’un point de vue artistique car d’inspiration exotique, et plus précisément égyptienne : on y voit un obélisque, un sphinx, un temple de style grec, un lion et des palmiers. On y retrouve également des symboles maçonniques comme l’étoile flamboyante, la pierre taillée, la corde à nœuds ou les outils d’architecte.

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L’antimaçonnisme

20Z 512 : couverture

Le Maçon démasqué, ou le vrai secret des Frans Maçons, mis au jour dans toutes ses parties avec sincérité et sans déguisement.

Il s’agit d’un dévoilement (ou divulgation), un ouvrage dans lequel un franc-maçon réel ou fictif qui a quitté l’ordre en communique les secrets, généralement dans le but de montrer son caractère nuisible et dissuader ses lecteurs d’y entrer.

Il existe plusieurs éditions du Maçon démasqué, imprimées en différents lieux : l’édition présentée ici provient de Berlin, une édition de 1751 a été imprimée à Londres (son fac-similé est disponible sur Internet : Bodleian Library, Oxford​). Son auteur serait un certain Tom (ou Thomas) Wolson.

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20 Z 512 : préface

C’est un texte très intéressant d’un point de vue historique de par son ancienneté (1757, autrement dit les débuts de la franc-maçonnerie en France). Le ton, bien qu’assez critique, est relativement bon enfant comparé avec les ouvrages antimaçonniques des XIXe et XXe siècles. L’auteur reproche surtout aux francs-Maçons l’aspect puéril de leurs cérémonies : on a une comparaison dans la préface des Maçons dans leurs loges avec des enfants jouant dans des cabanes.

20 Z 512 : page 54

Il leur reproche aussi leur forte propension à boire : « La somptuosité des tables mène à l’intempérance et la variété des vins engendre souvent la confusion des langues. Le marteau du Vénérable frappe pour rappeler à l’ordre mais la voix du Maître ne peut percer le brouillard épais et la raison s’obscurcit dans le sein de la lumière même » (p. 54​).​

20Z 513 : couverture

Les Francs-maçons : ce qu’ils sont, ce qu’ils font, ce qu’ils veulent par Mgr de Ségur.

L’auteur est Louis-Gaston de Ségur (1821-1881), fils de la célèbre comtesse de Ségur, auteur de romans pour enfants. Il a écrit de nombreux essais défendant le point de vue catholique sur les problèmes du temps, l’un des plus célèbres étant "Les Francs-maçons" : paru en 1867, il est réédité plus de 62 fois en vingt ans et traduit en anglais, espagnol et allemand.

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20Z 513 : extrait page 4

La théorie principale de Mgr de Ségur est que la franc-maçonnerie repose sur un petit nombre de personnes très influentes et nuisibles : « ils veulent délibérément détruire le christianisme, l’Église et la société ». Ces personnes imposent leur vision et manipulent la majorité des membres : « les 8 millions […] sont presque tous des menés, qui la plupart du temps ne savent pas où on les conduit ».

Cette théorie n’est pas de son invention : il s’agit d’une croyance typique de l’antimaçonnisme, créée par Charles-Louis Cadet de Gassicourt dans "Le Tombeau de Jacques de Molai ou histoire secrète et abrégée des initiés anciens et modernes, des Templiers, Francs-Maçons, Illuminés etc" en 1796.

20Z 513 : extrait page 12

Petite anecdote pour terminer : l’initiation de Pierre-Joseph Proudhon au sein de la loge Sincérité, Parfaite Union et Constante Amitié Réunies est mentionnée dans cet ouvrage et sert à appuyer la dénonciation de la volonté des francs-Maçons à détruire l’Église.

Bibliographie

  • LIGOU, Daniel. Dictionnaire de la Franc-maçonnerie. Paris : Presses Universitaires de France, 1987. 1301 p. Cote BME : 315443
  • POULAT Émile. L’Antimaçonnisme catholique : les Francs-Maçons. Paris : Berg International, 1994. 202 p. Cote BME : 320429
  • Une Fraternité dans l’histoire : les artistes et la Franc-maçonnerie aux XVIIIe et XIXe siècles. Paris : Somogy éditions d’art, 2005. 163 p. (et plus particulièrement l'article écrit par Jean-Claude FONTAINE et Jean-Paul PERNIN : « Besançon, une Loge d'exception », p. 56- 61). Cote BME : 78285
  • 250 ans de franc-maçonnerie à Besançon. Pontarlier : Éditions du Belvédère, 2014. 175 p. Cote BME : 340502
  • Exposition virtuelle de la BnF : La franc-maçonnerie (2016). Disponible sur Internet : http://expositions.bnf.fr/franc-maconnerie

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