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  « A la loupe » (2021) 

Le livre d’airain du cimetière des Champs Bruley

Livre d'airain du cimetière des Champs Bruley (1893), D.2014.1.1 © musée du Temps, JC Sexe

Depuis 2014, le livre d’airain du cimetière des Champs Bruley est conservé au musée du Temps. Le récent projet de restauration du monument aux morts de la guerre de 1870 a mis en lumière cet ouvrage aux pages de bronze où sont consignés les noms des 2179 officiers, sous-officiers et soldats inhumés dans le plus ancien cimetière public de la ville. 

 Le cimetière des Champs Bruley 

Registre de délibération du Conseil municipal (28 juin 1790), BB204, © Archives municipales

La création du cimetière des Champs Bruley en 1793 fait suite à une ordonnance royale de 1776 interdisant les inhumations auprès des églises et recommandant d’éloigner les cimetières des villes. Dédié à l’ensemble de la population, il est pourtant vite délaissé à cause de sa mauvaise réputation. 

A la fois loin du centre-ville, dépourvu d’église adjacente et construit sur un terrain marécageux, lui sont préférés les cimetières des villes voisines. 

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Détail d'un plan général de Besançon (1889), 2Fi1301 © Archives municipales

Le cimetière des Champs Bruley devient alors celui des défunts considérés comme indésirables, et notamment des protestants à l’heure où la communauté suisse de Besançon s’agrandit. Un nouveau cimetière est ouvert aux Chaprais en 1824 où sont enterrés les catholiques. 

Cette ségrégation funéraire est officialisée par un arrêté municipal et perdure jusqu’en 1881, date du vote de la loi dite de neutralité des cimetières qui abroge un décret de la période révolutionnaire instituant des lieux d’inhumation séparés selon les cultes. La laïcisation du cimetière des Champs Bruley lui offre alors une seconde vie.

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 La guerre de 1870 et le monument aux morts 

Carte postale représentant le monument des Champs Bruley (1ère moitié XXe siècle), CP-B-P66-00006 © Bibliothèque municipale

L’une des particularités du cimetière des Champs Bruley réside dans la présence des dépouilles de 2179 officiers, sous-officiers et soldats de l’armée de l’Est. 

Commandées par le général Bourbaki, ces troupes sont battues par les Prussiens à Héricourt le 18 janvier 1871 avant de battre en retraite sur Besançon puis vers la Suisse. Certains de ces soldats, décédés en terres comtoises, trouvent alors le repos aux Champs Bruley. 

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Dessin du monument aux morts (vers 1875), YC_Z50 © Bibliothèque municipale

En 1886, la Société française de secours aux blessés militaires remplace par un imposant monument en granit le fragile mausolée qui indiquait l’emplacement des corps des 2179 malheureux. 

Les noms des victimes sont inscrits sur des feuilles de papier, enfermées dans le monument dans un coffre de plomb. 

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Transfert du corps de 5 soldats morts en 1870 (1899), CP-B-P46-0001 © Bibliothèque municipale

Le cimetière des Champs Bruley devient ainsi un lieu de mémoire et de recueillement pour les familles des soldats morts au combat en 1870. Plusieurs dépouilles y sont d’ailleurs transférées ultérieurement afin de rassembler les défunts ayant succombé au même destin. 

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 Le livre d’airain : un recueil de la mémoire 

Livre d’airain du cimetière des Champs Bruley (1893), D.2014.1.1 © musée du Temps, Jean-Charles Sexe

En 1893, à l’initiative de Charles Sandoz, un horloger bisontin, une souscription est lancée afin de remplacer les feuilles de papier volantes sur lesquelles sont inscrits les noms des victimes par un livre aux pages de bronze. 

La réalisation de cet objet hors du commun a été confiée à deux jeunes artistes graveurs, Faget et Dulac, sous la supervision de Marcel Boutterin, dessinateur et architecte. 

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Inauguration du livre d’airain (1893), 280478 © Bibliothèque municipale

Ce livre dit d’airain, « antique symbole de la résistance et de la durée » est inauguré le 14 aout 1893, au terme d’une grande fête patriotique et festive durant laquelle les sociétés musicales de la ville de Besançon, les sociétés d’anciens militaires et de combattants ont formé une procession depuis la place Saint-Pierre jusqu’au cimetière des Champs Bruley. Ils auraient traversé la ville encadrés par une foule en liesse. Une fois au cimetière, c’est la Marche funèbre de Chopin qui retentissait dans les allées. 

Les détails de la cérémonie, ainsi que les discours prononcés, sont connus grâce à une brochure éditée peu après au profit de la Société nationale de Secours aux blessés militaires. On y apprend notamment que le cimetière avait été décoré de mâts vénitiens portant drapeaux et oriflammes pour l’occasion. 

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Liste nominative des soldats inhumés autour du monument (1893), 280478 © Bibliothèque municipale

Les douze pages de bronze du livre d’airain renferment les noms des 2179 soldats français enterrés aux Champs-Bruley, inscrits selon les corps d’armée, les régiments et les bataillons auxquels ils appartenaient. Les Francs-Comtois y sont de l’ordre de 500 environ. Ces pages portent également la mention de soldats inconnus et, dans une volonté de réconciliation, d’une quinzaine de soldats ennemis. 

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Pour aller plus loin...


Le livre d'airain est conservé au musée du Temps de Besançon

BOUTTERIN Marcel (dessinateur) ; FAGET (réalisation) ; DULAC (réalisation)

Livre d’airain

1893

Bronze

Dimensions du livre ouvert : 50 cm (H) x 63 cm (L) x 7 cm (P)

Inv. D. 2014.1.1 

Les archives municipales de Besançon conservent également des dossiers relatifs au cimetière des Champs Bruley : 1J216 ; 1J218 à 1J221 ; 2M48 ; 5S76

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