« A la loupe » (2022)
Les cartes de visite d’Anna Maire (1828-1906)
Une carte de visite peut nous apprendre beaucoup de choses, malgré son petit format.
Anna Maire est l’autrice et l’utilisatrice de ces cartes. Cette professeure de dessin bisontine sera présentée avec d’autres dessinateurs dans une exposition cet automne.
La bibliothèque conserve ces cartes avec les ex-libris. Elles sont souvent petites mais de formats différents, entre 9 x 13 cm et 11 x 14 cm pour les plus grandes.
Son ami, Alexandre Bertrand dessinait aussi des cartes, pour recevoir ses amis à table.
Cette carte est destinée à un usage privé, pour recevoir ses amis mais aussi pour un motif professionnel, puisque Anna Maire indique qu’elle est professeure de dessin en 1876.
Sa carte montre d’ailleurs un peintre devant son chevalet et sous une ombrelle dans la nature. La date de 1876 se trouve sur la toile, sur le chevalet.
Gaston Coindre présente dans son ouvrage Les Bois (1870) la même installation pour peindre à l’abri du vent et du soleil.
A la fin du XIXe il n’y a pas de téléphone dans les maisons, ni d’adresse mail ! Seule la carte de visite avec l’adresse donne les coordonnées d’une personne. Les gens échangent des billets de rendez-vous pour annoncer leur venue et, à partir de 1900, utilisent parfois des cartes postales.
Anna Maire réalise une carte chaque année, de 1873 à 1906. La bibliothèque conserve une cinquantaine de cartes (90 en comptant les doublons).
Entre 1876 et 1894, elle inscrit qu’elle reçoit le dimanche à 15 h. A cette époque, les femmes ont en effet un jour de réception. La plupart des cartons des dames, simplement imprimés, sont des éphémères qui n’ont pas trouvé leur place dans nos collections. Anna Maire a-t-elle proposé à d’autres amies de réaliser ce type de carte pour leurs usages ? Celles d’Anna Maire sont illustrées et ont été données pour être conservées à la bibliothèque.
En 1895 et en 1896, surprise, elle est domiciliée à Paris. Elle accompagne en effet Edouard Mauvais (1868-1918) qui va à l’Université Catholique.
A Paris, elle reçoit le jeudi.
En 1897, elle ne donne plus d’adresse. L’année suivante, elle est de nouveau domiciliée à Besançon. En 1902 et 1903, ses cartes indiquent qu’elle reçoit tous les jours. Elle ne donne plus de cours de dessin et elle est donc plus disponible pour les visites. Certaines années, elle ne donne plus d’indication de jour.
Différents paysages permettent de la suivre en Franche-Comté, pour ses compositions d’après nature, sur la Loue, le Doubs, à Mouthier Haute Pierre… Anna Maire est une citadine mais elle quitte fréquemment la ville pour peindre dans la nature, par exemple à Boussières le 22 mai 1892.
Les cartes de 1887 à 1889 sont gravées puis, à partir de 1895, Anna Maire change de technique et ne distribue plus de cartes gravées mais des reproductions photomécaniques de ses tableaux. Aucune mention ne dit malheureusement chez quel imprimeur elle se rendait.
Chaque année, les vues sont inédites. Pourtant, en 1902, elle réutilise un tableau déjà retenu en 1899. Elle adresse en 1903, un portrait de comtoise. Est-ce elle habillée en comtoise ? Le dessin porte un tampon : "GC" pour Gaston Coindre.
Habituellement Anna Maire fait éditer une carte annuelle, mais après 1897, elle peut avoir plusieurs modèles, probablement grâce aux nouveaux moyens d’impression. En 1903 par exemple, elle a trois modèles différents : la comtoise, la masure et un paysage. Et, en 1904, deux modèles : un paysage et un portrait.
Ces cartes peuvent lui servir de cartes de vœux en 1905 pour l’année 1906. Elles restent alors de petits mots touchants, ses derniers mots puisqu’elle décède dans l’été.
En août et septembre 1907, la revue Les Gaudes publie quelques cartes de visites de l'artiste bisontine.
Bérénice Hartwig
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