« A la loupe » (2015)
De l'horlogerie à la Science-Fiction
De la ville de Besançon connue comme capitale horlogère on imagine souvent qu’il n’existe plus qu’une nostalgie, un certain patrimoine, et une activité résiduelle, plutôt confidentielle.
Mais si l’horlogerie amorce un retour graduel depuis quelques années, ce sont bien les nouvelles technologies et la recherche qui donnent aujourd’hui ses lettres de noblesses à la cité.

L’innovation technologique a toujours accompagné (ou précédé) le développement industriel, et à Besançon, au moment où s’amorçait le déclin des manufactures horlogères, plusieurs laboratoires travaillant sur de nouveaux outils de la mesure du temps, devenaient le terreau d’une nouvelle économie.
En 1976, alors même que LIP déposait bilan, Raymond Besson et son équipe du Laboratoire de Chronométrie Electronique et Piézoélectricité (LCEP) concevait un oscillateur à quartz stable sur le long terme, capable de mesurer le temps avec une précision extrême.
C’est de ce genre d’oscillateurs, invention bisontine, que sont actuellement équipées certaines sondes spatiales, ou encore les horloges atomiques qui donnent l’heure à la planète entière et permettent, par exemple, le fonctionnement de nos GPS !
Avec le temps, la recherche fondamentale et appliquée a fait de Besançon un pôle scientifique incontournable, particulièrement dans les domaines des micro et nanotechnologies.
Chercheurs et entreprises font aujourd’hui des découvertes ou réalisent des prototypes, tels ceux présentés dans cette vitrine, dignes de ce qui n’est pour nous encore que de la Science-Fiction, mais qui feront demain partie de notre quotidien…
Un labopuce

Ce « labopuce », ou laboratoire sur puce, rassemble plusieurs fonctions de laboratoire, intégrées dans un seul et même dispositif. Il présente un réseau de canaux d’une largeur de 200µm (environ deux fois l’épaisseur d’un cheveu) gravé sur un substrat, et qui par l’action de micropompes, permet de déplacer des ovocytes sans contact physique.
Différents systèmes entourant cette « table de travail », non présentés ici, peuvent mesurer le pH, l’absorbance UV, ou simplement permettre une inspection visuel de la cellule. Le but principal est de tester la qualité du pellucide, couche acellulaire entourant l’ovocyte, qui joue un rôle crucial dans la réussite de l’implantation de celui-ci dans l’utérus.
Une camera

Conçue pour fonctionner à des températures allant de
50 °C à -150 °C, cette caméra de seulement 60g, bien adaptée aux conditions régnant dans l’espace interplanétaire, a équipé de nombreuses sondes spatiale de l’ESA (European Space Agency) dont « Beagle 2 » (Mars), « Smart-1 » (Lune) et « Philae » (Comète Churyumov-Gerasimenko).
Elle a été conçue en 1999 par le CSEM (Centre Suisse d’Electronique et de Microtechnique), centre de recherche et développement issu de la fusion en 1984 de plusieurs entités, à la confluence de l’horlogerie et des microtechnologies.
Un nanodrone

Ce nanodrone a été conçu en 2001 par la société bisontine SILMACH (pour Silicon Machinery). Ses quatre ailes, pesant au total 20mg, ont été découpées par photolithographie dans une fine feuille de silicium (un millième de millimètre d’épaisseur, soit un micron), et sont chacune composées de 180 000 domaines (ou « cellules ») alignés, qui reproduisent la structure d’un muscle.
Soumis à une différence de potentiel électrique de l’ordre de 100 à 150 volts, la contraction ou dilatation coordonnée de ces domaines permet aux ailes de battre.
Un premier téléphone portable

Ce téléphone de la marque Motorola est le premier téléphone portable commercial, le DynaTAC 8000x, présenté le 6 mars 1983 et mis en vente dès la fin de la même année (3995 $).
Il est le premier outil de téléphonie portable utilisant le protocole de fréquence GSM (Global System for Mobile Communications) défini en 1982 par la Conférence européenne des administrations des postes et télécommunications. Pesant 800g, son autonomie en utilisation n’excédait pas 30 minutes. Il ne permettait QUE de téléphoner.
Un Wafer

Ce « wafer » est une tranche de matériau à base de silicium, dans laquelle a été usiné au LPMO (Laboratoire de Physique et Métrologie des Oscillateurs) de Besançon, un ensemble de microéléments appelés accéléromètres.
Ces derniers, une fois séparés et intégrés à un système électronique, sont capables de traduire une accélération en signaux électriques. Plus l’accélération subie sera importante, plus la structure d’une cellule sera déformée et plus le signal résultant sera intense (s’appuyant sur le principe de la piézoélectricité). Un détecteur accélérométrique peut permettre, par exemple, le déclenchement des airbags, ou de détecter la chute d’une personne vivant seule.
Une météorite

Ce fragment provient de la météorite d’Ornans, pierre de 6kg tombée à Flagey le 11 juillet 1868, seule chute météoritique reconnue officiellement en Franche-Comté.
A la demande du géologue d’origine salinoise Jules Marcou, c’est Gustave Courbet lui-même qui rapporte et dépose la majorité de la masse au Museum d’Histoire Naturelle de Paris (dont provient ce spécimen) dans le courant de la même année.
C’est une roche riche en carbone et en eau, qui contient également des éléments organiques, formée il y a plus de 4.56 milliards d’années (plus vieille que la Terre), dont la composition se rapproche de celle des comètes (voir micro-caméra du CSEM). Eponyme de son groupe, toutes les météorites lui ressemblant sont dites CO (Carbonée de type Ornans).
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