« A la loupe » (2017)
Les écoles ménagères à Besançon
Depuis 1880, l’enseignement public est ouvert aux jeunes filles. A Besançon, elles fréquentent l’Hôtel d'Hotelans transformé en lycée de jeunes filles (47 rue Megevand). Jeanne Marie Marguerite de Diesbach de Belleroche (1853-1931), est la fondatrice de l'Association de l'enseignement ménager. Elle ouvre en 1903 à Paris, un premier centre ménager pour éduquer les jeunes ouvrières et jeunes filles qui n'entrent pas au lycée.
Par la suite, différents centres sont fondés dans toute la France et à Besançon en 1905. Mademoiselle Pierre est la première directrice de l'école bisontine de 1905 à 1910.

Dans un article sur les causes de l’insuccès dans l’enseignement ménager en 1902, la Comtesse de Diesbach explique « elle doit être une copie fidèle du ménage de l’ouvrier, et tout, dans son installation doit rappeler aux enfants la maison paternelle. » Les parents peuvent en effet se plaindre « Tout cela n’est pas bon pour nous, (…), nos filles n’ont pas besoin de savoir faire des diners de bourgeois ; un bon métier vaut mieux que tout le travail de l’école ? » Elle conclut « N’ont-ils pas cent fois raison ? (…) Il faut mettre entre ses mains, à la cuisine, la même qualité de farine de beurre, de viande, qu’achète sa mère, et lui apprendre à en tirer le meilleur parti possible ; aller au-delà, c’est compromettre l’existence de l’école. »
L’école ménagère Jeanne d'Arc
![44Z1 Personnel et élèves de l'école ménagère Jeanne d'Arc : photographie de groupe noir et blanc [1905-1921]](/images/369194b6-7188-4caf-b792-8aa915c2cef5_3_column.jpg)


Un fonds d'archives privé sur l'école ménagère Jeanne d'Arc a été donné récemment aux archives municipales. Il s'agit essentiellement de cartes postales et de photographies conservées par la famille de Jeanne Morin (épouse Knoepfli), directrice de cet établissement entre 1910 et 1921. L'école était située 19 rue Mégevand (puis jusqu'au 11 rue Granvelle) et a ouvert le 15 novembre 1905, comme l'atteste "La semaine religieuse du diocèse du Doubs" n°42.



On apprend dans le journal L'Univers, du 15 avril 1908 que "L'école ménagère de Besançon (...) est aujourd'hui connue de toutes les provinces de l'Est. Chaque année, un certain nombre d'élèves y viennent apprendre l'art culinaire et tous les soins nécessaires à l'entretien méthodique, raisonné, délicat d'un intérieur. Les cours de l'école ménagère normale de Besançon dureront du 1e mai au 1e juillet.(...) Le programme de l'enseignement ménager comprend : L'alimentation et toutes les choses qui s'y rapportent : choix des aliments, cuisine, boissons, conserves. Economie domestique : comptabilité ménagère ; entretien du mobilier, des vêtements ; travaux manuels, etc... Hygiène et médecine élémentaire. Agriculture : jardin potager, engrais, etc..."
Les manuels de cours sont probablement ceux de Augusta Moll-Weiss, puis plus tard,Louise Foulon-Lefranc, Léontine Doresse, Paulette Bernège et Marcelle Lassalle.
L'image à la loupe 44Z6 : la couture
L'image à la loupe 44Z8 : la cuisine
Jeanne Léonie MORIN (1887-1973) directrice de l'école

Mademoiselle Morin est née le 16 novembre 1887 à Arbois dans une famille de viticulteurs. Elle est la dernière d’une fratrie de trois : une sœur ainée mariée à un viticulteur et un frère ainé mort à Verdun en 1916. Leur père, Zénon Morin est à l’origine de la Fruitière vinicole d'Arbois en 1906 et participe à la « Grève de l’Impôt » la même année.
Elle est la seule de sa fratrie à avoir fait des études et obtient un diplôme de brevet de capacité pour l'enseignement primaire obtenu à Besançon le 25 juin 1903.

Jeanne Morin intègre l’Ecole Ménagère Jeanne d'Arc en 1906. Sa formation pour « l’art ménager » est faite pendant une période de deux mois, du 1er mai au 1er juillet 1906. Elle participe à un Congrès d’Etablissements d’Enseignement Ménager à Fribourg en Septembre 1908. Elle enseigne la cuisine et peut-être d'autres matières et devient en 1910, directrice de l’Ecole Ménagère Jeanne d’Arc.
Elle épouse le 19 septembre 1921 (elle a 34 ans) à Arbois, Emile KNOEPFLI qui était économe de l’Hôpital du Hasenrain à Mulhouse et part y vivre avec lui jusqu'à la deuxième guerre mondiale.
Cours ménager Sagesse

La bibliothèque conserve une série de cartes postales entre 1915 et 1930 du cours ménager Sagesse. C'est un cours tenu par les filles de la Sagesse, au 5 rue du Chapitre de 1873 à 1972.
Cet enseignement privé persiste lors des expulsions des congrégations en 1905. Si il est impossible aux congrégations d’enseigner dans les écoles, elles peuvent proposer des œuvres sociales : colonies de vacances, maisons pour jeunes, jardins d’enfants, écoles de formation pour les femmes. Ces cartes postales servent de publicité à l'établissement et sont utilisées par les jeunes filles pour correspondre avec leurs parents.

Le cours ménager Sagesse est régulièrement dans le journal dans les années 1960. Bernard Faille revient en effet souvent pour des reportages :
« L’année scolaire s’achève, les uns pensent à la distribution des prix, d’autres à faire apprécier le travail d’une année et les résultats obtenus. Tous songent aussi aux vacances qui n’excluent pas les réalités journalières. Une exposition des travaux des élèves de l’école de la sagesse s’est tenue rue du chapitre, samedi et dimanche thème de la photo « Maman les petits Bateaux ». Comme chaque année, et il n’est véritablement pas déplaisant de se répéter, cette exposition a mis en valeur aussi bien l’excellence des conseils que le profit que les jeunes filles ont pu en retirer »
Les élèves ont travaillé sur le thème des différentes utilisations de l’eau « l’eau à la campagne, l’eau à la plage, l’eau à la ferme, l’eau courante, etc. » et ont réalisé des « robes, de coquets tabliers, d'adorables barboteuses, des travaux de crochets, de tricots, de coutures, de broderies ».
Article dans l'Est Républicain, 12 juin 1961
Ecole ménagère de la Providence

Dans la collection de cartes postales, se trouvent quelques cartes qui présentent la Providence, une troisième école ménagère bisontine. Avec le coin de jardin, la chapelle, la cour et la salle à manger sont photographiés pour ces cartes postales.
Le Musée comtois conserve une collection de 103 marionnettes découvertes au Couvent de la Providence, à Besançon, vers 1937. Il s'agit de tous les personnages permettant de jouer les différentes scènes de la Crèche comtoise.

La maison de la Providence est déjà mentionnée dans l'annuaire départemental du Doubs de 1843, rue du Chapitre. Le 3 mai 1966, l'Est républicain relate " C'est une bien charmante tradition que celle maintenue d'année en année par les anciennes élèves de la Providence, devenu Institut agricole d'enseignement ménager. Tous les premiers dimanches de mai, les locaux de la rue du Chapitre accueillent les anciennes élèves, leurs maris et leurs enfants".
La directrice est alors Mademoiselle Finot, l'aumonier l'abbé Hanriot. Le 5 mai, Marie Claire Berion a les honneurs du journal, comme lauréate du concours national de la meilleure ménagère rurale. 135 élèves sont alors inscrits à l'Institut agricole d'enseignement ménager, qui est aujourd'hui encore un lycée privé.
Pour aller plus loin :
- L'enseignement technique au féminin : des écoles ménagères agricoles et rurales dans le Doubs des années 1920 aux années 1960 / Adeline Bonvalot ; sous la dir. de Fabien Knittel,... Édition Besançon : A. Bonvalot, 2014-2015.
- Les congrégations féminines religieuses en Franche-Comté pendant la période concordataire, Inventaire et localisation / Fanny Calley (2011)
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