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 « A la loupe » (2016)

Le théâtre Ledoux

Le projet de nouveau théâtre remonte au début de l’année 1775, l’architecte Claude-Nicolas Ledoux est à Besançon et il y rencontre l’intendant de la province Lacoré. Un de leurs sujets de discussion : la construction d’un vrai théâtre dans la ville. Le projet est approuvé et encouragé par Louis XVI par arrêt du conseil d’Etat du roi du 27 août 1777. Les dépenses prévisionnelles s’élèvent à 80.000 livres, somme allouée par le Trésor Royal.

L'image sur Gallica

Vue perspective de la salle de spectacle de Besançon, fin du XVIIIème (cote BM Est.FC.1180)

Les travaux commencent en 1778 sous la direction de l’architecte bisontin Claude-Joseph-Alexandre Bertrand supervisés par Ledoux. Le bâtiment est bâti en pierre calcaire bleu et ocre en provenance des carrières de la Combe-aux-Chiens, en banlieue de Besançon.

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Un théâtre au Palais Granvelle

Palais Granvelle. Album Besançon: monuments anciens et modernes, 1845

Dans la seconde moitié du XVIIIème siècle une salle de spectacle aménagée au Palais Granvelle peut accueillir 1200 spectateurs. Mais cela se fait dans des conditions de confort et de sécurité insuffisantes.

Des comédies, des opéras mais aussi des bals, des spectacles forains y sont présentés.  Ainsi en 1758 « l’Académie des Pigmées » s’y produira pour vingt représentations.

Cette salle « provisoire » fonctionne au moins jusqu’en 1786 alors que le nouveau théâtre est déjà en service.

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Plan de masse de l'emplacement du théâtre : salle, rues et bâtiments alentours. Elévations de la façade principale et d'un côté du bâtiment, Daté des 15 mars et 14 avril 1780, signé Alexandre Bertrand (cote AMB 2 Fi 1092)

L’édifice en forme de croix latine est orné d’une entrée décorée de six colonnes ioniques à l’instar d’un temple antique. Les travaux vont bon train, en mai 1779, les murs sont déjà là, en février 1780, les cheminées sont terminées, en mai de cette même année, les colonnes commencent à monter, et en décembre la couverture du bâtiment est en voie d’achèvement.

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(cote AMB 2 Fi 1098)

Plans des élévations de la façade principale (rue Saint-Vincent, actuelle rue Mégevand) et de la façade latérale (rue Mairet). Daté du 5 juin 1875, signé par l’architecte de la ville, Paul Davillé 

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Théâtre. Plan au sol : parterre, stalles d'orchestre et scène, réalisé en juin 1875, signé Paul Davillé (cote AMB 2 Fi 1099)

Le nouveau théâtre pouvait accueillir environ 2000 spectateurs,  répartis sur 36 rangs, avec des conditions visuelles et acoustiques d’une grande qualité pour l’époque. Le parterre était garni de sièges, ce qui était une innovation. En effet le public du parterre était généralement debout. Les décors peints étaient essentiels dans l’agencement de la salle, avec des tonalités bleues, grises, blanches, dorées et argentées.

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Le plafond du théâtre de Besançon (Cote BM Est.FC.1181)

Mais l’élément de décoration le plus remarquable était le plafond, oeuvre de Louis Boquet, peintre des Menus Plaisirs du roi réalisé dans son atelier parisien. Le sujet en était Apollon présidant l’assemblée des Arts entouré des Perfections. Le coût total de la construction du théâtre de Besançon s’élève finalement à 233.278 livres. La cérémonie d’inauguration a lieu le 9 août 1784 sous la houlette de Louis-Joseph de Bourbon, prince de Condé et de son fils le duc de Bourbon, tous deux princes du sang, membres de la famille royale.

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Délibération de la ville de Besançon relatant l’inauguration du théâtre, le 9 août 1784 (cote AMB BB 198)

Le théâtre eut du succès rapidement. Le Mercure de France célèbre ce joyau dans son édition du 4 septembre 1784. Le théâtre gardera son intégrité architecturale jusqu’à la Révolution grâce à l’assistant de Ledoux, l’architecte Bertrand. Il a pu défendre l’édifice, notamment contre la famille de Saint-Simon qui souhaita en 1785 la création de 4 loges, projet qui n’aboutit pas grâce aussi au nouvel intendant Caumartin de Saint-Ange.

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Le théâtre de la Révolution à 1958

La façade du théâtre en 1905 où l’on distingue nettement les bases rajoutées aux colonnes lors des travaux de la seconde moitié du XIXème siècle (vers 1857) – (Cote BM CP-B-P99-0017)

Le théâtre demeura dans son état quasi originel jusqu’en 1836, année durant laquelle les peintures du plafond qui représentaient Apollon sur son char furent recouvertes par une fresque de Chazerand.

Les transformations les plus importantes datent de la seconde moitié du XIXème siècle, au moment où la municipalité décide de confier à l’architecte Delacroix d’importantes modifications que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur du théâtre, et ce dans le plus pur style Second Empire.

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Plan de l’architecte Delacroix réalisé en 1875 (agrandissement de la scène, création d'un foyer pour les musiciens, et création de loges pour artistes : élévation postérieure, coupe, plan au sol et plan d'ensemble du bâtiment & alentours (cote AMB 2 Fi 1108)

Il s'agit de la disparition du péristyle, de l'adjonction de bases aux colonnes ce qui abaissa les seuils et le sol du vestibule. Un nouveau foyer  est crée dans la partie supérieure du vestibule ainsi que deux cages d’escalier dans les angles rentrant du théâtre. Le bâtiment originellement une croix latine devient une masse carrée. La galerie à balustre de la salle est relevée de 16 cm, et soutenue par 20 colonnes de fonte.

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La salle de spectacle, vue depuis la scène, plan réalisé pour le placement des spectateurs (Daté de 1893) – cote AMB 2 Fi 1126

Le plafond est repeint par Delestre, et représente désormais « la ville de Besançon invitant à partager ses plaisirs les autres villes de la province » tenant chacune les attributs qui la caractérisent. Un dais à pendentifs blanc et or est posé à partir des deuxièmes loges ce qui rompt l’harmonieuse disposition en amphithéâtre. Des girandoles sont posées sur les colonnes.

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Projets de décors intérieurs temporaires conçus pour la visite de Napoléon III non réalisés, datés du 21 mai 1866 (cote AMB 2 Fi 1165, 2 Fi 1166)

En 1866, une visite de l’empereur Napoléon III et de la famille impériale ayant été annoncée, la commune demande un projet de décorations temporaires dans le plus pur style Second Empire pour le théâtre afin de célébrer cette visite. Cet évènement n’ayant finalement pas eu lieu, il ne reste que les plans de ces décorations jamais réalisées.

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Un autre décor

Vue intérieure de la salle (avant 1958) (Cote BM Est.FC.118)

Le théâtre est classé monument historique par décret du 15 juillet 1928 et ne connaîtra plus de modifications importantes avant l’incendie.

Sarah-Bernhardt au théâtre de Besançon

Affiche de l’unique représentation de Sarah Bernhardt et sa troupe du Théâtre de la Renaissance, dans la Dame aux Camélias, au théâtre municipal de Besançon, le 29 septembre 1897. Elle comporte l’autographe de l’actrice (cote AMB 2 R 37)

Parmi les interprètes illustres qui se sont produits sur la scène du théâtre de Besançon, Sarah Bernhardt demeure sans doute la plus célèbre.

Initialement prévue le 2 mai 1897, cette représentation de « La dame aux Camélias » s’est vue repoussée par Sarah Bernhardt. En effet, cette dernière se trouvait finalement à la même époque en pleine création de la Samaritaine, d'Edmond Rostand.

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L’incendie du théâtre

Vue aérienne du théâtre après l’incendie du 29 avril 1958 (cote AMB 266 W 1)

Le mardi 29 avril 1958 à 6h02 le centre de secours de Besançon est alerté pour un incendie au  théâtre.

A l’arrivée des premiers secours, le bâtiment entier est la proie des flammes. La fumée qui s’échappe par la toiture au niveau de la salle, forme une colonne de plus de 200 mètres de hauteur. Les pompiers ne peuvent plus rentrer  à l’intérieur, la température au coeur de l’incendie atteignait sans doute les 1200°C. Dans les appartements des immeubles adjacents de la rue Mairet, la température pouvait atteindre 40 °C.

La « une » du quotidien « Le Comtois » du 30 avril 1958 (cote : AMB 266 W 1)

A 6h06, toutes les sirènes de la ville se déclenchent pour appeler les pompiers volontaires. A 6h30, la toiture et les planchers s’écroulent, les ardoises volent en éclats.  En une heure le joyau architectural de Besançon est détruit.

La préfecture fera même appel aux pompiers de Baume-les-Dames, Quingey et Saint-Vit.

Après trois heures et demie de lutte, le feu a diminué d’intensité, une heure plus tard vers 10h30 le brasier est pratiquement éteint. On ne connaîtra jamais la cause exacte de cet incendie (sans doute un court-circuit). Seule l’enveloppe extérieure du chef d’oeuvre de Ledoux a été épargnée.

La reconstruction

Le théâtre en cour de reconstruction en mai 1958 quelques semaines seulement après l’incendie. (cote BM Ph 6076-6082)

L’émotion provoquée par cet incendie est immense et les travaux de reconstruction sont programmés aussitôt sous la supervision de son directeur Pierre Nougaro. Les opérations de déblaiement des décombres commencent en mai. Le conseil municipal décide le 27 du même mois de reconstruire une nouvelle salle sur l’emplacement existant en conservant les murs extérieurs. Un crédit de 245 millions d’anciens francs est voté alors que les travaux ont déjà commencé. Les architectes bisontins Barres, Jaboeuf et Robert sont retenus pour mener à bien cette entreprise en un temps record. Les entreprises locales travaillent d’arrache-pied pour respecter les délais et tout sera terminé en temps et en heure.

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L’affiche du spectacle inaugural en novembre 1958 (cote BM Ph 6914-6945)

Le théâtre nouvellement reconstruit est inauguré dès le  20 novembre 1958 par une représentation de gala de l’opéra de Verdi « Othello » en présence des autorités locales. Pierre Nougaro assure la mise en scène et interprète le rôle-titre.  A cette occasion il est fait chevalier de la légion d’honneur.

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Pierre Nougaro dans le rôle d’Othello lors de la soirée inaugurale (Ph 6945 - Photo Faille)

Pierre Nougaro est né à Toulouse le 27 avril 1904. Sa tessiture de baryton lui permet d’entreprendre une carrière de chanteur lyrique après des études au conservatoire de sa ville natale. Il se produit à l’Opéra-Comique, mais aussi à Lyon, Bordeaux, Genève, Bruxelles. Il est aussi à l’aise dans le répertoire français qu’italien. Père du chanteur Claude Nougaro, il est directeur du théâtre de Besançon à partir de 1957. Il dirige par la suite l’opéra de Rennes.

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Ph 694 - Photo Faille

Le public présent dans la salle lors de l’inauguration, debout alors que l’orchestre entonne la Marseillaise.

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Claude-Nicolas Ledoux, l’architecte du théâtre de Besançon

Buste de Claude Nicolas Ledoux, publié dans « L’architecture considérée sous le rapport de l’art, des mœurs et de la législation », 1804. (Cote BM 392)

Il est né en Champagne, dans le village de Dormans (Marne) le 27 mars 1736. Il étudie l’architecture dès 1753 à l’école des Arts de Jacques-François Blondel et en 1758 il travaille dans l’atelier de l’architecte Louis-François Trouard et celui de Contant d'Ivry.

En 1774, il est nommé architecte du roi et architecte des salines de Lorraine et de Franche-Comté, et c’est dans ce cadre qu’il mènera à bien une partie de son projet pour les salines de Chaux, actuellement Arc-et-Senans.

C’est en 1775, qu’il envoie à Charles-André de Lacoré, intendant du comté de Bourgogne son projet pour le théâtre de Besançon, dont la construction débute en 1778. Entre 1784 et 1787, il est chargé faire les plans des bureaux d’octrois de la barrière des Fermiers Généraux de Paris, dont une partie seulement sera construite.

Durant la Terreur (1793-1795), il sera emprisonné et il rédigera le manuscrit de son ouvrage, l’Architecture considérée sous le rapport de l’art, des mœurs et de la législation, qui ne sera publié qu’en 1804. Il meurt le 19 novembre 1806 à Paris à l’âge de 70 ans.

Sources :

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