« A la loupe » (2022)
Il y a 150 ans... une pendule à planétaire signée Joseph Lanfrey
Le musée du Temps conserve une pendule à planétaire conçue par Joseph Lanfrey en 1872. Cet horloger originaire de l’Isère a vécu dans la seconde moitié du XIXe siècle (1843-1898), entre Morez et Besançon.
Un ensemble de documents conservé au musée du Temps, récemment classé et numérisé, permet de mieux connaître les créations de cet horloger, moins connues que celles d’autres horlogers francs-comtois, à l’image d’Antide Janvier.

De Morez à Besançon
Joseph Elisée Alfred Lanfrey est né à Miribel-les-Echelles en Isère le 23 janvier 1843. Il a passé la plus grande partie de sa vie en Franche-Comté à Morez, où il s’est marié le 28 octobre 1873 avec Marie Léonie Guyon. Leur fille aînée, Marie-Louise Anaïs, naît également à Morez le 24 décembre 1883. Huit ans plus tard naît Georges Joseph.
Dans les années 1890, après la naissance de leur dernier enfant, la famille s’installe à Besançon au 21, quai de Strasbourg, où Joseph Lanfrey décède le 8 mars 1898.

33, quai Veil Picard
L’activité bisontine de Lanfrey remonte aux années 1880 lorsqu’il crée, en 1882, une société dédiée à "la fabrication et la vente de montres d'or et d'argent et les accessoires s'y rattachant". Associé avec Joseph Dieringer, comptable, et Jules Wilhem, visiteur en horlogerie, l’activité est établie 33, quai Veil Picard. Entre 1893 et 1897, une nouvelle société est formée avant la mort de Joseph Lanfrey l’année suivante. Quelques années plus tard, cet immeuble accueillera les établissements d’horlogerie Sarda.

La pendule à planétaire
Parmi le peu de pièces d’horlogerie de Joseph Lanfrey encore connues aujourd’hui, la pendule à planétaire du musée du Temps est une pièce tout à fait remarquable.
Présentée à l’Exposition Universelle de Lyon en 1872, elle obtient une médaille d’or et est ensuite construite en plusieurs exemplaires.

Un hommage à Galilée
Inspirée des horloges astronomiques d’Antide Janvier, la pendule à planétaire de Lanfrey se présente sous la forme d’un socle borne en marbre noir surmonté d’un planétaire, c’est-à-dire un mécanisme représentant le mouvement des planètes et des astres. Ici, il s’agit du Soleil, de la Terre et de la Lune.

Ainsi, le mouvement de la pendule reproduit la rotation du Soleil, et de la Terre, ainsi que la révolution de la Terre et de la Lune. De plus, la pendule prédit les éclipses. L'inscription sur le cadran « e pur si muove » (« et pourtant elle tourne »), tirée d’une phrase attribuée à Galilée, est un hommage au savant italien.

Joseph Lanfrey, inventeur inspiré
Si l’horlogerie et l’astronomie semblent avoir été les domaines de prédilection de Joseph Lanfrey, ce ne sont pas les seuls à l’avoir intéressé. Un ancien catalogue des collections du musée du Temps le qualifie "d’artisan inventeur, passionné de recherches mécaniques".

La documentation conservée au musée du Temps témoigne en effet de la variété des domaines dans lesquels Joseph Lanfrey a cherché à s’illustrer.
En 1873, il reçoit une lettre de la part du directeur de la Compagnie de Gaz de la ville de Lyon déclinant l’une de ses propositions. Il avait mis au point un système permettant l’extinction simultanée des lampes à gaz assurant l’éclairage public. La réponse du directeur est sans appel : « Bien des tentatives inutiles ont déjà été faites dans ce sens et je crois la solution pratique bien difficile ».

En revanche, il semble qu’une proposition concernant un système d’attelage et dételage des wagons ait attiré l’attention du directeur de la Compagnie des Chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée.
Dans une lettre datée du 26 décembre 1889, Gustave Noblemaire demande à Joseph Lanfrey de lui faire parvenir des plans explicatifs, dont certains sont conservés au musée du Temps.

Le fonds d’archives Joseph Lanfrey au musée du Temps
En 1954, une pendule astronomique, accompagnée d’un fonds documentaire, entre dans les collections du musée d’histoire à Granvelle par don des héritiers de « Mademoiselle Lanfrey ». Il s’agit de Marie-Louise Anaïs Lanfrey, fille de l’horloger jurassien. Le don se fait par l’intermédiaire de Pierre Malcuit, membre de la Société des Amis des Musées. Au musée, le dossier est suivi par Pierre Mesnage, chargé de mission au Musée d’Horlogerie auprès de la conservatrice Marie-Lucie Cornillot.

Aujourd’hui, le fonds Joseph Lanfrey du musée du Temps compte une soixantaine d’objets et de documents qui représentent un ensemble cohérent, témoignant de la trajectoire singulière d’un artisan inventeur franc-comtois du XIXe siècle.
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