« A la loupe » (2021)
Bisontins célèbres... et moins célèbres
Besançon a vu naître de nombreuses personnalités au fil des siècles. Certaines sont devenues célèbres dans le monde entier, d'autres dans des cercles plus restreints, ou sont tombées dans un relatif oubli.
1) LES ÉCRIVAINS
La figure littéraire bisontine la plus célèbre est bien entendu Victor Hugo (1802-1885). L'auteur de Notre-Dame-de-Paris et des Misérables, presque né par accident à Besançon (son père, militaire de carrière, y était de passage) n'est jamais revenu dans sa ville natale. Il l'a cependant immortalisée dans les premiers vers de son poème « Ce siècle avait deux ans » :
Ce siècle avait deux ans !
Rome remplaçait Sparte,
Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte,
Et du premier consul, déjà, par maint endroit,
Le front de l'empereur brisait le masque étroit.
Alors dans Besançon, vieille ville espagnole,
Jeté comme la graine au gré de l'air qui vole,
Naquit d'un sang breton et lorrain à la fois
Un enfant sans couleur, sans regard et sans voix
Avant lui, Besançon a vu naître Charles Nodier (1780-1844). S'il est aujourd'hui un peu tombé dans l'oubli, Charles Nodier était célèbre à son époque pour ses histoires fantastiques, notamment celles mettant en scène des vampires (presque 50 ans avant le Dracula de Bram Stoker).
Charles Nodier est également célébré comme l'un des créateurs du mouvement romantique, mais il s'est illustré dans bien des domaines tout au long de sa prolifique carrière littéraire.
Sous l'Ancien Régime, Jean Mairet (1604-1686) est également né à Besançon. Auteur de pièces de théâtre aujourd'hui presque oubliées comme La Sophonisbe, Jean Mairet est l'inventeur d'un procédé qui a défini le théâtre classique français : la règle des 3 unités.
Cette règle veut qu'une pièce de théâtre se déroule sur une seule journée (unité de temps), dans un même lieu (unité de lieu) et que les événements ne concernent que l'action principale (unité d'action).
Plus proche de nous, évoquons Tristan Bernard (1866-1947). De son vrai prénom Paul, cet écrivain, auteur de romans et de pièces de théâtre, est surtout connu pour ces dernières avec des titres comme Les Pieds nickelés.
Il est également célèbre pour ses jeux de mots et traits d'esprit, comme cette phrase concernant le fait d'être né à Besançon comme Victor Hugo :
"Nous sommes nés tous les deux à Besançon, tous les deux dans la Grand-Rue, lui au 138, moi, plus modestement, au 23."
2) LES ARTISTES
Besançon a également vu naître de grandes figures du monde de l'art comme le sculpteur Luc Breton (1731-1800). Fondateur avec le peintre Jean Wyrsch de l'Ecole des beaux-arts de Besançon, le Musée des beaux-arts et d'archéologie conserve nombre de ses œuvres.
Auguste Clésinger (1814-1883) est un autre sculpteur bisontin, qui s'est également essayé à la peinture. Il est l'auteur de la Femme piquée par un serpent, sculpture qui a fait scandale lors de sa présentation au Salon de 1848 pour la pose lascive et dénudée de son modèle (actuellement conservée au Musée d'Orsay). Il est aussi le sculpteur du tombeau du musicien Frédéric Chopin, dont il était ami.
Jean Gigoux (1806-1894) est peintre et surtout l'un des grands donateurs du Musée des beaux-arts et d'archéologie de Besançon : il lègue en effet 3.000 dessins et 460 tableaux. Le musée expose également certaines de ses œuvres, comme le monumental Derniers moments de Léonard de Vinci.
Jean Gigoux fut par ailleurs le compagnon de la veuve d'Honoré de Balzac, la comtesse Hanska.
Des éléments de sa correspondance sont conservés à la Bibliothèque d'étude et de conservation, entre autres ses lettres au peintre A. Fanart, relatives à la collection donnée au Musée de Besançon.
Enfin, Pierre-Adrien Pâris (1745-1819), architecte et dessinateur, a notamment été employé par le roi Louis XVI pour les « Menus plaisirs » : il a ainsi conçu les décors de représentations théâtrales données à la Cour comme Le Dormeur éveillé ou L'Amant Sylphe.
Grand collectionneur et ayant séjourné plusieurs années à Rome, Pierre-Adrien Pâris lègue ses archives, sa bibliothèque, ses collections de dessins, de gravures et de peintures à la Bibliothèque d'étude et de conservation de Besançon et au Musée des beaux-arts et d'archéologie de Besançon.
3) LES SCIENTIFIQUES ET INVENTEURS
Même s'ils ont mis au point et montré au public leur invention (le cinématographe) à Lyon, les frères Auguste (1862-1954) et Louis (1864-1948) Lumière sont bien nés à Besançon !
Leur père, Antoine, était peintre et photographe. Il transmet cette passion de la photographie à ses deux fils, qui amélioreront les techniques photographiques de l'époque (ils ne déposent pas moins de 170 brevets à ce sujet !). Ce sont ces inventions qui conduiront les frères à développer et améliorer la technologie du cinématographe, aujourd'hui indissociable de leurs noms.
A noter que la ville de Besançon rendra hommage aux deux illustres frères en 1936, en apposant notamment une plaque commémorative sur leur maison natale. Auguste et Louis Lumière font le voyage à Besançon pour l'occasion, comme en témoignent des photographies de l'époque.
Autre figure du monde scientifique : Hilaire de Chardonnet (1839-1924). Inventeur de la soie artificielle, plus résistante et moins chère que la soie naturelle, il est l'une des grandes figures de la vie industrielle bisontine : sa « Société des Soieries Chardonnet » s'installe dans le quartier des Prés-de-Vaux et emploie de nombreux Bisontins dans ses ateliers.
Toujours dans l'habillement, Alexis Godillot (1816-1893) est également né à Besançon. Entrepreneur et inventeur de brodequins résistants pour chausser les soldats, son nom est passé dans le langage courant pour désigner en premier lieu son invention, puis plus familièrement pour parler de chaussures peu élégantes mais robustes et pratiques.
4) LES FIGURES POLITIQUES
Peu connu du grand public, l'imprimeur et libraire Antoine-François Momoro (1755-1794) est pourtant passé à la postérité durant la période révolutionnaire.
Il a en effet inventé le slogan « Liberté, Egalité, Fraternité ou la mort » transformé ensuite en « Liberté, Egalité, Fraternité », devise actuelle de la République française.

Née la même année que Pierre-Joseph Proudhon, mais moins célèbre aujourd'hui, Jeanne-Marie Poinsard (1809-1875) est plus connue sous le pseudonyme de Jenny d'Héricourt.
Elle s'est illustrée en participant aux événements de la Révolution de 1848 et plus particulièrement par son combat féministe : elle prône l'émancipation des femmes et combat l'idée d'une infériorité naturelle de ces dernières, à travers sa Société pour l'émancipation des femmes et son livre La Femme affranchie. Elle défendra ses idées par publication interposée face à Pierre-Joseph Proudhon et vivra jusqu'en 1872 aux Etats-Unis, où elle apporte son soutien aux féministes américaines.
5) LES PHILOSOPHES
Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865), passé à la postérité pour sa formule « La propriété, c'est le vol » est sociologue, philosophe et journaliste. S'il est aujourd'hui plus connu dans le monde anglo-saxon qu'en France, il a pourtant joué un grand rôle lors de la Révolution de 1848 de par ses activités de député à l'Assemblée nationale. Il a énormément écrit sur ses conceptions des femmes, de la propriété, du monde ouvrier, de la politique...
Ses manuscrits, sa correspondance et sa bibliothèque ont été légués à la Bibliothèque d'étude et de conservation de Besançon par ses petites-filles en 1966.
Charles Fourier (1772-1837) est le fondateur du mouvement utopique des phalanstères, petites sociétés agricoles d'environ 1000 personnes où la vie s'organise selon le principe de la communauté de l'harmonie.
Fourier a publié une œuvre riche et foisonnante.
En 1808 il édite dans l’anonymat son premier traité : Théorie des quatre mouvements et des destinées générales. En 1822 il fait paraître le Traité de l’association domestique-agricole, puis en 1829 Le Nouveau monde industriel et sociétaire, son ouvrage le plus accessible. La Fausse industrie, dans lequel il décrit en détails le fonctionnement du phalanstère, paraît en 1835-1836.
6) LES ACTEURS
Figure du cinéma et du théâtre français un peu oubliée aujourd'hui : Annie Ducaux (1908-1996). Elle débute sa carrière par le cinéma en 1933 avec Le Gendre de Monsieur Poirier, réalisé par Marcel Pagnol. La période de l'Occupation la voit jouer dans des films comme Pontcarral, colonel d'empire (l'un de ses plus grands succès) ou L'Inévitable Monsieur Dubois.
Elle s'essaie également au genre de la série télévisée avec Le Chevalier de Maison-Rouge en 1963. Sociétaire de la Comédie française à partir de 1948, Annie Ducaux s'illustre dans la seconde partie de sa carrière au théâtre, aussi bien dans le genre comique que tragique.
7) UNE PETITE ANECDOTE POUR TERMINER...
Le 10 janvier 1918, Gabrielle Barbin, veuve Guglielmi, est décédée à l'hôpital Saint-Jacques. Si ce nom ne vous dit rien, vous connaissez sûrement, si vous êtes cinéphile, celui de son fils : Rudolph Valentino.
Cet acteur d'origine italienne naturalisé américain (son véritable nom est Rodolfo Guglielmi) était l'une des premières stars hollywoodiennes dans les années 1920, surtout apprécié des femmes pour sa beauté.
Mort en 1926 d'une septicémie, ses funérailles seront suivies par 100.000 personnes et de nombreuses femmes se suicideront de désespoir. Cela donnera également naissance à la légende de « la femme en noir », une mystérieuse femme tout de noir vêtue qui dépose des fleurs sur la tombe de Rudolph Valentino chaque année le jour anniversaire de sa mort.
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