Besançon par Abel Monnot (3)
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Chapitre 4 : Saint-Pierre

Fêtes à Besançon
« C’est ici que les jours de liesse le menu peuple s’empressait devant le Charles-Quint de Claude Lullier et grouillait au plus près de la cuve de pierre, remplie du vin qui jaillissait libéralement des becs de l’aigle bicéphale (…) Sonneries, batteries, assemblées, cortèges, aujourd’hui hélas ! tout s’en est allé (…) Que lui reste t-il à présent ? Un bal à la préfecture, de temps à autre, où d’ailleurs il n’est point invité ! Des défilé de gymnastes, de sordides retraites aux flambeaux la veille des fêtes nationales, une cavalcade… »

Le Parlement
« Enfin il fallut le loger ce Parlement. La maison commune occupait alors de vastes locaux qui s’étendaient ville dans la ville, de la place saint Pierre jusqu’à la rue Saint Vincent. L’ordre du roi fut de prendre sur ce domaine le palais de justice qui se réserva tout le quartier central et notamment l’édifice de Hugues Sambin dont nos édiles étaient justement fiers. L’hôtel de ville se confina dans l’avant-corps de logis sur la place Saint-Pierre »
L'image à la loupe : Album Besançon: monuments anciens et modernes (BM 8904)
Les spectacles dans la ville

Johann Wyrsch
« Ces majestueux hôtels parlementaires gardent une séduction évocatrice, et le passant s’ingénie à imaginer la vie qu’on y menait au temps de leur splendide nouveauté. Wyrsch le peintre de la société bisontine au XVIIIe s, nous reproduit avec assez d’exactitude, sans beaucoup de pénétration, les visages, les costumes les attitudes. Mais quelles pensées obsédaient ces têtes poudrées ? Et dans ces justaucorps de satin de quels émois battaient les cœurs ? »

Mirabeau et Sophie de Monnier
« Des procès cependant, comme celui du chevalier de Valdahon, des aventures comme celles de Sophie de Monnier, parfois des lettres échappées d’un grenier (…) Ne sait-on pas une noble jeune fille, experte comme Valmont dans l’art d’huiler et d’adoucir les portes, qui osait introduire son amant dans la chambre même où dormait sa mère ? » Le célèbre Mirabeau est connu pour son emprisonnement au château de Joux et ses amours sulfureux avec Sophie de Monnier.

Le grenier d'abondance
« Le portail de style composite qui occupe toute la largeur de l’avant corps très légèrement cintré Quel accueil au seuil d’un grenier : On se retourne avec mélancolie vers les lourdes et tristes grilles qui ouvrent en grinçant le séjour des Arts. Pas plus le musée, le grenier de la ville n’est d’ailleurs resté fidèle à sa destination. On en a fait au siècle dernier l’Ecole d’horlogerie. Dieu sait ce qu’on en fera maintenant ! Au dessus de l’entrée un acrotère portait autrefois cette inscription : Ad publicam utilitatem et civitatis ornamentum »
L'image à la loupe : L'Ecole Nationale d'Horlogerie. Ancien Grenier d'Abondance (CP-B-P41-0071)

Le collège des jésuites
« Au début de leur installation à Besançon, ils avaient eu comme élève Antoine-François Gauthiot d’Ancier, dernier descendant de ces opulents patriciens comtois. Il figure en donateur sur un tableau du musée : adolescent d’une pâleur bouffie et malsaine, aux yeux bleus que dilate l’extase ou l’hébétude, on ne sait. De peu de mine, de peu d’esprit, ce malitorne n’avait pas non plus beaucoup de cœur.
L'image à la loupe : Besançon - Lycée Victor-Hugo. Fontaine Pasteur (CP-B-P41-0050)

Quand vint la peste de 1628, malgré ses fonctions de co-gouverneur, il s’enfuit précipitamment jusqu’à Rome. » Antoine-François Gauthiot d’Ancier a légué ses biens au collège des jésuites pour la fondation de la chapelle. « Quand la prodigieuse inondation de 1910 amena les eaux du Doubs jusqu’au parvis de l’église, cette voie provinciale prit l’aspect d’un canal vénitien, tant les édifices qui la bordent ont grand air : à gauche Saint-François, le collège avec ses deux perrons, la belle maison à pilastres, le porche des anciens cordeliers, à droite l’abbaye désaffectée de Saint Antoine, l’hôtel des Lavernette Saint Maurice avec son balcon à balustre qui détend comme un sourire la sévérité de l’imposante façade. Pendant deux jours on n’aborda qu’en barque ce palais digne d’une dogaresse. »

Chamars
« Au bout du nouvel hôpital s’étendait le grand Chamars, ses pâturages, ses eaux mortes, ses canaux qui faisaient tourner des moulins, ses futaies de tilleuls et d’érables, dont les cimes se confondaient par-delà le Doubs avec le versant boisé de Chaudanne. De ces marécages et de ces halliers la volonté d’un grand intendant fit surgir, comme de la forêt de Versailles le bon plaisir de Louis XIV, un palais, des avenues, des promenades, des bassins où nageaient les cygnes. L’urbanisme date chez nous du XVIIIe siècle qui, avant d’avoir trouvé les mots, réalisa la chose. »

Le théâtre de Ledoux
« Charles Ledoux, architecte de la gabelle, qui rêvait de construire de toutes pièces pour l’exploitation des salines d’Arc et Senans, une ville greco-romaine, eut alors l’occasion de passer à Besançon. Lacoré lui demanda le plan d’un théatre. Il jaillit sans peine de ce cerveau effervescent. (…) Ledoux se propose donc de donner à la salle qu’il va construire pour Besançon plus d’espace, plus de commodité et en même temps plus d’attrait. Pour exécuter ce programme il s’inspire des théâtres antiques. »
L'image à la loupe : Plafond du théâtre de Besançon (EST.FC.1181)

Le parc Micaud
« La promenade porte le nom du maire qui mena à bien cette négociation. Le mérite de l’aménagement revient à Alphonse Delacroix, architecte assez souvent malencontreux, qui fut bien inspiré cette fois de demander à la nature l’occasion d’un chef d’œuvre qu’il n’a jamais su obtenir de son art. Le paysage lui porta bonheur. Mais a-t-il prévu en traçant ses allées et en plantant ses baliveaux, ce qu’un siècle de végétation, vivifiée par l’humidité du sol, ajouterait de magnificence à sa création ? Un débat s’émeut quelquefois entre les villes de France sur la beauté de leurs jardins publics (…) Notre Micaud a de quoi entrer en lice, avec sa terrasse de hêtres et de peupliers, sa rivière, ses îles, le frais murmure soyeux de son barrage, le haut escarpement de la Citadelle, et dans les beaux soirs d’été, la splendeur du couchant sur le Doubs moiré de vert et d’or. »
L'image à la loupe : Fontaine Billecul et ses abords (1911 ) (Fi21)