« A la loupe » (2022)
Croquis & Croqués : Dessinateurs Francs-Comtois du XIXe siècle
L’école de dessins

L’école municipale de dessin de Besançon a été créée par arrêté en 1807, en prolongement de l’ancienne École de peinture et de sculpture (1773) dirigée par le sculpteur Luc Breton et le peintre Johann-Melchior Wyrsch.
Jean-Baptiste Descamps défend au XVIIIe siècle la création d’écoles gratuites. Il s’agit non seulement de former des artistes mais surtout des artisans qui travaillent pour l’art décoratif. A Besançon, ils trouvent du travail dans l’horlogerie.
L’école permet aux jeunes Bisontins de se former au dessin académique.
Le peintre Jean Gigoux est l’un des plus brillants élèves.
Mais il y en a d’autres aux noms moins connus : Bertrand, Grenier, Boutterin. L’exposition "Croquis&Croqués" est l’occasion de les mettre à l’honneur, ainsi que Monnier, Maire, Coindre et Christophe.
Lettre adressée au maire de Besançon, en réponse à un article relatif à l'école de dessin et paru dans "l'Impartial" en date du 5 septembre 1830. Signé : Borel, Directeur de l'Ecole de dessin, Flajoulot, professeur.
Cette lettre est suivie de la liste des récompenses décernées à la distribution des prix de 1818 à 1827.
A propos de l'Ecole municipale de dessin en 1834 (distribution des prix) (PUFC)
A l'école municipale de dessin, les élèves travaillent d'après des gravures puis des moulages antiques pour étudier les proportions du corps humain. Ce dessin de Marcel Boutterin (1842-1915), d'après la Vénus de Médicis, a obtenu une mention honorable ex-aequo.
Le Musée des beaux-arts et la Bibliothèque conservent quelques « Académies d’homme », dessins de nus.
Antoine Flajoulot marque le début de l’enseignement à l’école.
Bertrand et plus tard Coindre, qui n’a pourtant pas suivi les cours de Flajoulot, l’évoquent avec éloge.
Recueil de dessins exécutés par le peintre Charles Antoine Flajoulot.
Il s'agit essentiellement d'études d'après l'antique et de portraits.
Depuis 1820, les élèves peuvent venir à la bibliothèque étudier les dessins de la collection Pierre-Adrien Pâris (la ville reçoit le legs Pâris en 1819).
Anna Maire a reproduit ce dessin d'Hubert Robert (recueil de dessins, 1861, 346632).
Les dessinateurs comtois qui se sont formés à la bibliothèque de Besançon souhaitent donc naturellement y déposer à leur tour leurs dessins.
Au cours du XIXe siècle, de nouveaux procédés révolutionnent la représentation picturale, la lithographie entre 1840 et 1850 à Besançon et la photographie avec Truchelut, qui ouvre son studio à Besançon en 1853.
Les artistes vont s'emparer de ces inventions : beaucoup de dessinateurs sont aussi lithographes et la photographie peut aider le dessinateur pressé qui ne peut pas terminer un portrait ou un paysage d'après nature.
Alexandre Bertrand, Gaston Coindre et Anna Maire sont lithographes ou graveurs.
Désiré Monnier
Les albums de dessins de Monnier sont pour lui un jardin secret. Composés à l’âge mûr, entre 48 et 66 ans (11 albums de 1836 à 1854), ils sont pourtant pleins de fraîcheur.
On y retrouve son goût pour l’archéologie régionale ( il est un des premiers « antiquaires » ou archéologues du Jura), pour les paysages (il est un marcheur et voyageur infatigable) et pour les belles dames en costume traditionnel (il est poète et folkloriste).
Ses albums ont été remis à la bibliothèque par sa famille.
Anna Maire
Annette Delphine Ferret, dite Anna Maire, est la fille de Jean Baptiste Maire, le sculpteur. Ni son acte de naissance ni son acte de décès ne mentionnent le nom de son père, qui l’a pourtant prise sous son aile et lui a enseigné le dessin et la sculpture.
Dans ses carnets d’apprentissage, elle apprend l’anatomie et dessine d’après nature ou d’après Fragonard. Elle réalise de nombreux autoportraits.
Anna Maire est influencée par les relations de son père : « Charles Nodier, Proudhon, Fourier, la fréquentation de ces intelligences et les leçons de Weiss à la bibliothèque de Besançon, développèrent en elle le goût des lettres et des arts. » (Les Gaudes, 1906)
La famille d'Anna Maire a fait don de quatre albums de sa main à la bibliothèque en 2021. Ils sont présentés pour la première fois au public dans l'exposition "Croquis&Croqués".
Vers notre "à la loupe" : "Les cartes de visite d’Anna Maire (1828-1906)"
Gaston Coindre
Gaston Coindre est né à Besançon en 1844, sa famille est domiciliée au 12 Grande Rue.
Il apprend le dessin auprès d’Anna Maire et complète sa formation dans les collections de la bibliothèque et du musée où il copie les maîtres, Pierre-Adrien Pâris, Hubert Robert et Fragonard.
Illustrateur et graveur, il vit de son art en collaborant à des guides touristiques, en enseignant, mais aussi en proposant des dessins industriels. Il s'installe définitivement à Paris en 1887 et se spécialise dans l'illustration de livres.
Gaston Coindre meurt à Besançon en 1914. Son épouse donne ses dessins en 1920 à la bibliothèque.
Alexandre Bertrand
Les albums de dessins d'Alexandre Bertrand sont remplis d'anecdotes et de croquis savoureux qui balayent la seconde moitié du XIX ͤ siècle.
Il est formé à Besançon à l’école de dessin avec Nestor Bavoux, par l'artiste-peintre Charles-Antoine Flajoulot (1774-1840). Celui-ci était aussi le professeur, au lycée, de Courbet et Pasteur.
Vers 25 ans, Bertrand tente de gagner sa vie comme lithographe et de connaître le succès avec un album de charges. Les bisontins goûtent peu sa plaisanterie et les éditeurs refusent ce projet. Il ne peut pas vivre de son œuvre picturale.
L’épouse de Bertrand a donné ses dessins à la bibliothèque en 1901.
Le dessinateur Jules Lunteschütz est l’ami fidèle, qui a suivi ses cours à l’école de dessin de Besançon avec Bertrand.
L’ Album Crestin présente des portraits caricaturaux des personnalités de la société bisontine au XIXe siècle. Les milieux artistiques et musicaux se côtoient.
Jules Crestin, président de la philharmonie, collectionne dans son album certains dessins des élèves de l’école de Besançon.
La sculpture que porte Bertrand sur son portrait par Lunteschütz est une charge de Jules Crestin, que l’on retrouve à la page suivante (dessin attribué à Bertrand).
Christophe (Georges Colomb)
Georges Colomb dit Christophe [Colomb] est un précurseur de la bande dessinée, au même titre que le Genevois Rodolphe Töpffer dont il s’inspire. Ses héros les plus connus sont le savant Cosinus, le sapeur Camember et la famille Fenouillard.
Leurs aventures publiées en feuilleton dans les années 1890 sont rééditées en albums et lues par un large public jusque dans les années 1950, avant le développement de la bande dessinée dans sa forme actuelle.
Les dessins originaux ont été donnés par François Caradec, le biographe de Christophe, en partie à la bibliothèque municipale de Besançon, en partie à la Cité internationale de la BD d'Angoulême.
Exposition
Croquis&Croqués Dessinateurs Francs-Comtois du XIXe siècle
du 17 septembre au 17 décembre 2022
Entrée libre du mardi au samedi de 14h à 18h
Visites guidées les samedis à 14H30
Bibliothèque d’étude et de conservation
1 rue de la bibliothèque 25 000 Besançon
#CroquisCroqués
Téléchargez le catalogue de l'exposition :
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