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  « A la loupe » (2018)

L’Éminence pourpre. Images d’un homme de pouvoir de la Renaissance

Portrait d'Antoine de Granvelle, vers 1576.

Au musée du Temps, l’exposition L’Éminence pourpre. Images d’un homme de pouvoir de la Renaissance a été la première exposition consacrée à Antoine de Granvelle (1517-1586) et à son image du XVIe siècle à nos jours.​ 

L'image à la loupe : Portrait d’Antoine de Granvelle, vers 1576

Portrait de Nicolas Perrenot de Granvelle, Titien et atelier, 1548, musée du Temps

Les débuts d’Antoine de Granvelle à la cour de Charles Quint

Fils aîné de Nicolas Perrenot de Granvelle, garde des sceaux et conseiller de l’empereur Charles Quint, Antoine de Granvelle naît à Besançon en 1517. Il se forme sous la protection de son père qui l’introduit à la cour des Habsbourg. Antoine de Granvelle reçoit une solide formation intellectuelle et politique. Grâce au réseau d’influence de son père, Antoine de Granvelle noue rapidement des relations et de multiples bénéfices lui sont octroyés. En 1538, il entre officiellement à la cour de l’empereur qui le fait nommer évêque d’Arras. Continuant à seconder son père, il est fait conseiller d’État en 1543.​

L'image à la loupe : Portrait de Nicolas Perrenot de Granvelle

Portrait d’Antoine de Granvelle, Lambert Zutman, dit Suavius, 1556, Rijksmuseum, Amsterdam

Le diplomate derrière l’homme d’église

À partir de 1544, Antoine de Granvelle commence à assurer l’intérim de son père lorsque ce dernier s’absente de la cour. Lorsque Nicolas Perrenot meurt en 1550, Antoine reçoit les charges de son père et devient garde des sceaux des Pays-Bas. Il s’impose alors comme l’homme de confiance de Charles Quint jusqu’à la fin de son règne.

Tout au long de sa carrière, Granvelle défend l’influence et la politique des Habsbourg. En œuvrant à régler les questions religieuses, il cherche d’abord à apaiser les crises politiques et ancre son action dans le jeu diplomatique européen du XVIe siècle. 

L'image à la loupe : Portrait d'Antoine de Granvelle dans le site du Rijksmuseum 

Martino Rota Kolunić, Giacomo Franco, La bataille de Lépante, 1572, bibliothèque municipale, Besançon

Grâce à son important réseau et à son statut de cardinal, Antoine de Granvelle œuvre pour Philippe II à la défense de l’influence espagnole en Italie, cherchant à mettre un frein à l’affirmation de l’autorité spirituelle et de l’influence politique du pape. En 1570, le conflit entre les Turcs et la République de Venise conduit les États catholiques à s’unir pour contrer l’expansion ottomane. Antoine de Granvelle participe à la création de la Sainte-Ligue, formée le 25 mai 1571. Il reçoit ensuite pour mission d’armer une flotte pour défendre les côtes d’Italie méridionale contre les Turcs. La flotte catholique et la marine turque s’affrontent au large de Lépante, dans le golfe grec de Patras, le 7 octobre 1571. L’immense crédit gagné par Granvelle en Italie lui vaut d’être rappelé par Philippe II à la cour d’Espagne en 1579. Contesté par des proches conseillers du roi, il perd progressivement son influence dans les dernières années de sa vie et meurt à Madrid en 1586.​

L'image à la loupe : La bataille de Lépante, 1572 

Portrait du cardinal Antoine de Granvelle, anonyme, d’après Willem Key, 1565, Rijksmuseum, Amsterdam

Images d’un homme de pouvoir de la Renaissance

Le rôle diplomatique de premier plan et l’immense collection d’Antoine de Granvelle le placent à la hauteur des plus grands personnages de son époque. À l’instar des puissants souverains qu’il sert, il œuvre toute sa vie à la diffusion de son image. Moyen visuel de pallier l’absence, le portrait est avant tout un instrument au service du pouvoir et du statut social de l’individu. Antoine de Granvelle l’utilise pour témoigner de l’ascension de sa famille et de son importance sur l’échiquier politique européen. Si le prélat diffuse habilement son portrait par l’intermédiaire de médailles et de jetons, de peintures et de gravures, ses détracteurs dans les anciens Pays-Bas contribuent activement à la naissance d’une légende noire en propageant pamphlets, peintures et estampes satiriques. Grâce à l’essor de l’imprimerie qui favorise la multiplication et la circulation des gravures, l’image reflète l’actualité politique et imprègne la mémoire collective.​

L'image à la loupe : Portrait du cardinal de Granvelle dans le site du Rijksmuseum 

Le trône du duc d’Albe, attribué à Willem Jacobsz Delff, 1622, Rijksmuseum, Amsterdam

La légende noire d’Antoine de Granvelle aux Pays-Bas 

Entre 1559 et 1564, Antoine de Granvelle est le plus important des trois conseillers de Marguerite de Parme, demi-sœur de Philippe II et gouvernante des Pays-Bas. À ce titre, il représente l’autorité espagnole dans les Dix-Sept Provinces. Il y mène une réforme ecclésiastique qui provoque le mécontentement de la noblesse. En 1567 et 1568, Granvelle soutient la politique répressive du duc d’Albe censée mettre fin aux troubles. Mais face à l’action violente du duc, il s’oppose, dès 1572, à l’emploi de la force militaire. Il s’associe à Marguerite de Parme pour inviter Philippe II à réduire la fermeté envers les Flamands. Malgré son départ et sa volonté de pacifier la région, Granvelle continue de concentrer la haine, personnifiant le pouvoir espagnol et l’Église catholique. Pamphlets incendiaires et gravures satiriques alimentent la légende noire du cardinal qui perdure au XVIIe siècle.​ 

 

L'image à la loupe : Le trône du duc d'Albe, dans le site du Rijksmuseum 

Portrait d’Antoine de Granvelle, anonyme, vers 1555, musée du Temps

La diffusion de l’image d’Antoine de Granvelle à travers ses portraits

Antoine de Granvelle comprend très jeune le rôle politique du portrait et fait preuve toute sa vie d’une grande maîtrise de son image. Soucieux de diffuser son image, il commande de nombreux portraits : Titien le peint en 1548, Anthonis Mor en 1549, Willem Key lorsqu’il est nommé archevêque de Malines et cardinal en 1561 et Scipione Pulzone dix ans avant sa mort. Granvelle diffuse également une image parfaitement contrôlée et moralisée à travers les publications dédicatoires des artistes, écrivains et éditeurs qu’il protège, sortes de portraits abstraits qui véhiculent une image symbolique, en écho aux représentations figurées.​

L'image à la loupe : Portrait d’Antoine de Granvelle

Croix de procession, anonyme, XVIe siècle, musée du Temps

L’empreinte d’Antoine de Granvelle dans le paysage comtois

L’histoire du comté de Bourgogne au XVIe siècle est marquée par la suprématie des Granvelle. Nicolas Perrenot de Granvelle, puis son fils et héritier Antoine, représentant les Habsbourg, jouent de leur influence pour régenter Besançon et les terres comtales. Ils s’attachent à maintenir vivace leur image et celle de leur famille malgré leur éloignement. L’abondante correspondance d’Antoine de Granvelle avec ses loyaux conseillers comtois témoigne de l’intérêt que porte le cardinal à la terre de ses ancêtres et à la mémoire de sa famille. S’il ne réside dans sa région natale qu’entre 1564 et 1565, il tient à matérialiser sa protection et à maintenir sa réputation et son image dans le comté. Antoine de Granvelle manifeste ainsi sa présence de manière symbolique, à travers le mécénat. Il offre notamment une copie de la Déploration sur le Christ mort de Bronzino, un reliquaire et une croix à l’église Saint-Laurent d’Ornans. 

L'image à la loupe : Croix de procession

Antoine de Granvelle devant une délégation comtoise, Anonyme, après 1860, musée du Temps

La postérité d’Antoine de Granvelle 

Dès le XVIIe siècle, Granvelle figure dans les arts et les ouvrages publiés par les historiens qui travaillent sur les personnages marquant de l’histoire de la Belgique. Au XIXe siècle, la postérité d’Antoine de Granvelle s’inscrit dans les arts en Belgique, en France et principalement en Franche-Comté. Les artistes se documentent pour réaliser des portraits ou des scènes témoignant du rôle du cardinal afin de respecter au mieux sa physionomie et ses attitudes. Les sources écrites sont également revisitées. Les historiens et les artistes travaillent à partir de l’ouvrage de Famiano Strada, De bello belgico (1637-1650), retraçant l’histoire des Pays-Bas. À Besançon, Charles Weiss édite la correspondance fourmillante du prélat. Les arts du XIXe siècle (œuvres littéraires, gravures, médailles, portraits et peinture d’histoire) attestent la place d’Antoine de Granvelle dans l’histoire comtoise, et dans une moindre mesure, dans l’histoire de la Belgique et de la France.​ 

L'image à la loupe : Antoine de Granvelle devant une délégation comtoise

Pour aller plus loin :

Le fonds Granvelle à la Bibliothèque
 

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