La courte vie d’Angèle Saillard
« A la loupe » (2025)
Une brochure fleurie
« Enfant, c’est donc fini ! Tes paupières sont closes ;
Dans l’éternel sommeil maintenant tu reposes,
Immobile et le front glacé ;
Ton visage si frais a pris des tons d’opale ;
Et ton sourire aimé dort sur ta lèvre pâle,
Par la mort à peine effacé. »
Une brochure illustrée de fleurs par Gustave Vieille, et offerte à la bibliothèque par ses soins, rappelle le souvenir d’une adolescente, Angèle Saillard. Il s’agit d’un poème du Docteur Léon Chapoy (1850-1928).
Il a écrit quelques ouvrages, une trentaine de ses livres sont conservés à la bibliothèque municipale de Besançon. Gustave Vieille (1842-1909) est architecte départemental et chef de bataillon des pompiers.
Une enfance bisontine
Angèle Reine Joséphine Saillard est née à Besançon en septembre 1870, un an après le mariage de ses parents, en plein conflit franco-prussien. Son père Albin est présent pour déclarer la naissance de son aînée.
Albin Saillard (1842-1925), natif de Besançon, est ophtalmologiste et sénateur. Il exerce comme professeur à l’école de médecine et il est chirurgien en chef des hospices. Il épouse, le 29 septembre 1869 à Besançon, Joséphine Olympe Séraphine Pergaud, fille de médecin. Seule la mère d’Albin Saillard est vivante au moment du mariage, les parents de Joséphine sont décédés.
Un membre de la Société d’émulation du Doubs
Albin Saillard est nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1885. Son dossier LH2430/31 nous permet de comprendre qu’il a été conseiller municipal et membre du conseil central d’hygiène du Doubs mais aussi président de la Société d’émulation du Doubs. Le docteur Chapoy et Gustave Vieille sont membres eux aussi de cette société. Voici le volume de 1884 des Mémoires de la Société d'émulation du Doubs avec les membres résidents et les communications de cette année-là.
Une demoiselle sans histoire
De son vivant, Angèle est domiciliée avec ses parents 136 Grande rue. Lors du recensement en 1881, nous découvrons qu’ils vivent à six dans la maison. Angèle, âgée alors de 11 ans, a une sœur, Marthe (8 ans). Deux domestiques sont au service de la famille, une cuisinière et une femme de chambre. Nous ne savons rien malheureusement sur sa scolarité et nous ne connaissons pas le portrait d’Angèle.
Albin Saillard est propriétaire de l’immeuble au 136 Grande rue.
En 1886, Marthe est la seule enfant indiquée dans la famille. En 1891, ils sont voisins du relieur Guillaume Abich (1806-1893), qui n’exerce plus à cette époque. En 1896, Marthe vit seule avec son père.
Une bien courte vie
Angèle décède malheureusement à Besançon avant ses 14 ans. Son décès est consigné dans les actes de l’état civil en mars 1884.
Les journaux nous donnent le nom d’Angèle dans l’état civil de la semaine.
Aucune nécrologie ne semble avoir été publiée et nous ne savons pas de quoi Angèle est morte en ce mois de mars 1884. Seuls les vers nous rappellent :
« Ta mère, au désespoir, qui pour toi fut si tendre,
Ton père anéanti, ta sœur, qui, sans comprendre,
Pleure pourtant sur ton cercueil. »
Sans cette petite brochure commémorative, le souvenir de cette jeune fille aurait été complétement oublié.
Bérénice Hartwig
Retour vers la page « A la loupe »
Retour vers la page d'accueil de Mémoire Vive