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 Expositions virtuelles > Journaux des tranchées (2015)

La Gazette du créneau

Ce journal est fondé en août 1917 par Jules-Eugène Auclair, téléphoniste du 134e régiment d'infanterie. Il en est à la fois le rédacteur et le dessinateur. C'est sa deuxième tentative après la création de Reflets de sape qui n'a eu qu'un numéro en mai 1916.

Le 134e régiment est alors dans la Marne, dans le secteur de Beauséjour, un hameau dominé par un fortin aménagé dès 1914 par l'armée allemande et qui fut l'objet de combats meurtriers pendant toute la guerre.

La Gazette du créneau (voir sur Gallica le n°1 d'août 1917) 

Auclair est l'un des rédacteurs de journaux de tranchées avec qui Charles Clerc est en correspondance épistolaire, et grâce auquel il se procure une partie de  sa collection. Clerc possède 23 des 25 numéros parus jusqu'au 10 juillet 1919.

Grâce à un limographe duplicateur offert par L'Oeuvre du soldat au front du Touring-club de France, le régiment pouvait tirer de 500 à 1000 exemplaires à chaque numéro.

Lors de l'armistice, le journal en est à son 16e numéro ; le régiment est alors envoyé dans la région de Périgueux, d'où l'intitulé géographique du n° 17 : "A St Pierre de Chignac (Dordogne)".

La Gazette du créneau (voir sur Gallica le n°1 d'août 1917) 

La dette nationale

Vers la fin de la guerre, une nouvelle préoccupation apparaît dans les journaux, celle des conditions du retour des soldats à la vie civile.

Si le dessin de l’en-tête présente un poilu guilleret sortant enfin d’un conflit de plus de quatre ans sur fond de soleil, symbole du nouvel horizon « de cette démobilisation si impatiemment attendue », le texte pointe « l’autre grande lutte » pour une indemnisation financière des poilus rendus à la vie civile.

La Gazette du créneau (voir sur Gallica le n°17 de janvier 1919) 

Le sentiment d’absence de reconnaissance qui ressort de ce texte est omniprésent chez les soldats qui estiment que leur sacrifice n’est pas reconnu ni pris en compte.

Ce sont en effet leur jeunesse, leur santé, leur travail et leur place dans la société qu’ils ont perdus. Retrouver la vie civile dans une société qui a changé après des années de guerre sera souvent pour eux un nouveau parcours du combattant.

La Gazette du créneau (voir sur Gallica le n°17 de janvier 1919) 

Aux heures sombres, elle apporta la Gaieté ; requiescat in pace !

Grâce à la correspondance entre Charles Clerc et Jules-Eugène Auclair, nous avons bien plus d’informations sur cette gazette que sur la plupart des journaux dont l’histoire individuelle est encore largement méconnue.

Auclair a en effet confié à Clerc divers documents, dont une plaquette retraçant l’histoire du journal avec des dessins originaux, des textes manuscrits et deux photographies de l’équipe de rédaction.

La Gazette du créneau (voir sur Gallica le n°17 de janvier 1919) 

La censure y est clairement évoquée par Auclair : « Accueillie avec plaisir par le Lt Colonel Poupard, (…) cette petite feuille fut quelque peu malmenée par son successeur le Lt Colonel Clouscard ». 

En janvier 1918, il est en effet reproché à certains articles de "créer dans l'esprit des lecteurs du regret de l'arrière, de la lassitude pour la vie du front" et une note du chef d'état-major enjoint à Auclair de "chercher avant tout à distraire ses lecteurs".

La Gazette du créneau (voir sur Gallica le n°17 de janvier 1919) 

Enfin, les nombreux déplacements du régiment sont retracés, jusqu’à la fin du journal en Dordogne : « C’est au château de Trélissac, près de Périgueux, peu avant le retour du 134e à son dépôt de Mâcon, que la Gazette du Créneau s’éteint dans son vingt-cinquième numéro. Aux heures sombres, elle apporta la Gaieté ; requiescat in pace !... »

La Gazette du créneau (voir sur Gallica le n°25 de juillet 1919)

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