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 « A la loupe » (2021)

La lecture en images : du XVIIe au XIXe siècle

Ms Chiflet 145 - Mémoires généalogiques de la Maison d'Autriche (1656) (Estampe de C. Galle)

Au début du XVIIe siècle, la France ne compte qu'une petite minorité de lecteurs, surtout dans les villes. La majeure partie de la population n'est pas encore alphabétisée. 

La transmission orale se poursuit. Le sermon religieux et les lectures publiques tiennent toujours une place importante. 

Le livre religieux domine. Les lecteurs appartiennent à la noblesse, à la haute société et au clergé.   

Doucement, et après 1650, le nombre d'ouvrages écrits en latin décroît

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275893 - Catéchisme ou instruction de la doctrine chrétienne... dressé et imprimé par le commandement de Mgr Antoine-Pierre de Grammont (1688)

L’apprentissage de la lecture se fait sur le catéchisme

Ce catéchisme tient dans la main grâce à son petit format (18°). Le texte est aéré pour faciliter la lecture, découpé en sections (I., II....). Il permet des respirations. 

Une transformation dans la présentation du texte s'opère au cours du siècle, d’abord dans le livre religieux. On cherche à ce qu'il soit moins dense. La lecture spirituelle est ainsi facilitée et encouragée. 

L’argumentation religieuse repose sur des « demandes-réponses » dans une démarche pédagogique. Elles confèrent à la lecture un côté plus accessible et plus vivant.  

Le texte religieux au XVIIe siècle est commenté, expliqué, les livres d'enseignement se multiplient. 

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EST.FC.2158 - Jean Mairet (1630/1635)

Au fil du siècle, le taux d'alphabétisation augmente considérablement, surtout dans la moitié Nord de la France. 

Le catéchisme touche particulièrement les milieux humbles et la multiplication des écoles, surtout religieuses, contribue aux progrès de l'alphabétisation.

Les livres de dévotion imprimés en langue française sont destinés aussi aux laïcs et connaissent une production importante : Imitation de Jésus-Christ, vies de saints, livres de prières... 

La réduction des formats, l'aération du texte et la diversification des genres (mémoires, théâtre, poésie, premiers romans, lettres…) favorisent le développement d’une lecture plus personnelle et quotidienne. 

Le XVIIe est le grand siècle du théâtre, genre dominant de la littérature profane, avec les frères Corneille, Molière et Racine. Leurs œuvres sont beaucoup jouées et rencontrent aussi un succès de librairie. Besançon a vu naître en 1604 Jean Mairet, auteur de douze tragédies, inventeur de la règle des trois unités avec Sophonisbe (1634). 

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269797 - Nouvelles ordinaires du 2 juin 1674

Les imprimés se diversifient : premiers périodiques, almanachs, avis publicitaires, affiches... Ils sont très présents dans les milieux urbains.  

Cette gazette imprimée à Paris en 1674 annonce la prise de Besançon par Louis XIV. Les "gazettes" paraissent régulièrement et présentent des nouvelles de l'Europe, concernant la politique (déplacements et décisions des princes, des armées, évènements religieux...). Ces nouvelles sont classées par provenance géographique : "De Rome", "D'Amsterdam", "De Besançon"... 

Au cours du siècle, une littérature de propagande monarchique et une littérature d'opposition clandestine s'affrontent. 

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Collection Pierre-Adrien Pâris, Carton H n° 34 - "Jeune homme et jeune femme lisant", Dominique Vivant Denon (1784)

Sur cette estampe, cet homme et cette femme semblent partager dans la confidence un moment de lecture. La lecture est ici inscrite dans une sociabilité mondaine

Dans les salons littéraires parisiens, depuis le XVIIe siècle, poèmes, scènes de théâtre et discours sont lus à haute voix. Les femmes y prennent une part importante et les salons de certaines grandes dames sont réputés (Madeleine de Scudéry, la duchesse du Maine...). 

La lecture publique est un divertissement pour la noblesse.

Les livres passent aussi de mains en mains, se diffusent entre amis. La lecture a grande part dans la sociabilité et la convivialité. Les lieux de lecture sont de plus en plus nombreux, surtout au XVIIIe siècle : académies, salons, cercles, cabinets de lecture... On les trouve dans les capitales mais ils s'installent progressivement dans les villes plus modestes et les bourgs. La lecture à haute voix y est très pratiquée. 

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Un véritable marché du livre s’instaure au XVIIIe siècle, avec deux types de destinataires : l’élite sociale à la recherche de reliures précieuses, et les lecteurs du peuple. Ces derniers ont accès à des livres peu chers, diffusés en ville et dans les campagnes, notamment grâce au colportage

Dans la seconde moitié du XVIIIe, la bourgeoisie connait son essor et le nombre de lecteurs augmente considérablement. Ces lecteurs sont sensibles aux ouvrages philosophiques et à la littérature d'évasion (romans, récits de voyage). La lecture populaire s’affirme. 

10618 - Encyclopédie, ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, par une société des gens de lettres. Tome premier (1751)

Les lecteurs ont soif de livres pratiques, qui leur soient utiles, comme les manuels. On lit et on s’informe dans le cadre de sa profession.  

Le XVIIIe siècle est aussi celui des dictionnaires et des encyclopédies, dans une volonté de vulgarisation et de compilation des connaissances. 

L'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers de Diderot et D'Alembert, éditée de 1751 à 1772, connaît un tirage très important pour l'époque : 4 255 exemplaires.

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265051 - Almanach du département de l'Aube (1791)

Au XVIIIe siècle, les livres de la Bibliothèque bleue rencontrent un grand succès. Conçus par les éditeurs troyens au XVIIe siècle, ce sont des textes dont les lecteurs cultivés se sont lassés, dont les privilèges d'impression ne sont plus en cours, réédités et donnés à lire aux lecteurs du peuple. On trouve dans ce répertoire des vies de saints, des livres de prières, des romans de chevalerie, des farces... 

Les colporteurs les diffusent en province. On peut les acquérir aussi sur les marchés et les foires. Ces ouvrages sont souvent recouverts d'un papier de médiocre qualité, teint en bleu, comme cet Almanach du département de l’Aube pour l’année 1791. 

 

A la fin du XVIIIe siècle, le livre est un peu plus présent dans les familles de paysans, grâce au clergé et au colportage. On possède surtout des Vies de saints ou des livres de prières. La lecture est encore essentiellement chrétienne. 

Les lecteurs des populations rurales n’ont pas tous la même maîtrise de la lecture, certains déchiffrent à peine les textes.

Les livres que l'on trouve chez les domestiques et les employés de commerces, à Paris comme en province, sont aussi, pour l'écrasante majorité, des livres de piété.  

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Collection Pierre-Adrien Pâris, Vol. 453, n° 107 - "Jeune homme lisant une lettre", Hubert Robert (circa 1762-1765)

Les lecteurs lettrés (nobles et bourgeois), de leur côté, lisent  les correspondances, les journaux et les revues.  Ils peuvent pratiquer également une lecture studieuse, en réalisant des annotations sur des feuillets à part ou sur le texte lui-même, et en comparant les textes avec leurs lectures précédentes.  

La lecture au XVIIIe siècle est aussi de plus en plus personnelle, introspective.   

Ce jeune homme dessiné par Hubert Robert à la sanguine est un lecteur solitaire. Son chapeau cache l'expression de son regard et semble faire écran avec le monde extérieur. Il est tout entier à sa lecture. 

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Collection Pierre-Adrien Pâris, Vol. 453, n° 346 - "Jeune homme étendu sur son lit et lisant un livre", François-André Vincent (vers 1773-1774)

Le XVIIIe siècle est aussi considéré comme le moment où le récit moderne, narratif, s’affirme et vient rompre définitivement avec les récits anciens destinés à être lus à haute voix, comme les épopées ou les romans de chevalerie. La construction du roman moderne est liée à la pratique d’une lecture personnelle et silencieuse. Il n'y a plus de place pour la voix dans le roman moderne. Les mots imprimés seuls font tout le sens. 

Le roman trouve sa place dans les bibliothèques aux côtés de la poésie et du théâtre. La Nouvelle Héloïse de Rousseau, paru en 1761, compte parmi les grands succès du siècle.  

La lecture sert aussi à se distraire, à s’évader. A Paris, "on lit en voiture, en promenade, au café, au bain..." (Michel Vernus, Histoire d'une pratique ordinaire : la lecture en France). On peut lire assis, debout, couché. Sur ce dessin, le jeune lecteur est étendu, son corps est au repos, confortablement installé, tandis que son visage est concentré. 

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EST.FC.2369 - Messire Muyart de Vouglans, avocat, conseiller au Grand Conseil, Patas Sculp. ; Lambert Pinx (1774)

Au XVIIIe siècle, les premières bibliothèques sont ouvertes au public. Elles ont souvent pour origine les dons ou legs de collections d’ecclésiastiques. 

A Besançon, dès la fin du XVIIe siècle (1694), l’Abbé Jean-Baptiste Boisot lègue ses collections (livres, manuscrits, œuvres d’art) à l’abbaye de Saint-Vincent, afin qu’elles soient mises à la disposition du public selon des jours et horaires réguliers, sous contrôle de la Ville. Cette bibliothèque est ouverte au public à partir de 1696. 

Il faut pourtant souligner que ces premières bibliothèques "ouvertes au public" étaient fréquentées uniquement par des lecteurs érudits.  

Dans les bibliothèques privées, les fonds se diversifient au cours du siècle. Fonds anciens, livres religieux et ouvrages liés à une profession peuvent voisiner avec des romans et parfois les ouvrages des philosophes des Lumières

Sur les portraits, le livre est toujours un symbole d'ascension sociale, de savoir et de prestige. Les élites se font souvent représenter un livre à la main.

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PER.C.6210 - Affiches et annonces de Franche-Comté, 18 Février 1774

Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, les titres de presse se multiplient, à Paris et dans les villes de province, et l'imprimé est omniprésent dans l'espace public. 

A Besançon, paraissent par-exemple les « Affiches et Annonces de Franche-Comté ». Ce journal propose des petites annonces (maison à vendre, charge à vendre, demande de particuliers…), présente les nouvelles parutions (« Livres nouveaux »). 

Ces journaux et feuilles volantes circulent très vite, des communautés de lecteurs se constituent et une opinion publique se forme. Suivant ce mouvement, la censure de la presse se durcit à la fin du siècle. 

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241038 - Manifeste des patriotes français, extrait du Journal des Révolutions de Paris, N°. 76. (1790)

A l’heure de la Révolution, la présence de l'imprimé redouble encore, sous la forme de feuilles volantes (arrêtés, textes législatifs, affiches, libelles…). Il sert les différentes propagandes, révolutionnaire et contre-révolutionnaire. C’est « l’âge d’or » de l’imprimerie

On trouve ces imprimés partout dans les lieux publics (rues, cafés, places, fêtes révolutionnaires…), leur lecture se fait souvent à haute voix et de manière collective. Ils sont destinés à une lecture rapide, « de l’instant ». Le besoin d’informations est plus fort que jamais. Ces feuilles sont diffusées aussi dans les campagnes, l’apprentissage de la lecture est alors incité à des fins politiques

Le Journal des Révolutions de Paris est un quotidien prorévolutionnaire.

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EST.FC.1409 - 1887

Au cours du XIXe siècle, les familles modestes voient leur pouvoir d’achat augmenter et s’autorisent l’abonnement à un journal ou l’achat de quelques ouvrages. Les prix des livres baissent, le livre bon marché est la nouvelle stratégie des éditeurs qui s’affrontent pour en avoir le monopole. 

Face à la vive augmentation de la pratique de la lecture dans les milieux populaires et paysans, l’élite bourgeoise et les républicains cherchent à contrôler les textes lus. Comme l’indique Michel Vernus dans son Histoire d'une pratique ordinaire : « Le peuple doit être guidé. Pour lui, des pédagogues de tout poil dressent des catalogues de « bons livres » et de « mauvais livres ». » L’Eglise procède de même et œuvre pour la diffusion d’une littérature catholique

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303001- Maître Pierre, Edmond About, Bibliothèque des chemins de fer, Hachette (1858)

L’essor du chemin de fer permet le développement de nouveaux espaces de distribution du livre. La gare devient un lieu de lecture. On lit aussi en voyage, dans le train. 

En France, Hachette est pionnier à partir de 1853 et développe les kiosques dans les gares, où il vend d’abord ses propres publications puis des titres d’autres éditeurs. 

Il crée la Bibliothèque des chemins de fer, dont les collections sont facilement identifiables grâce à leurs couvertures de même couleur. Dans les kiosques, on trouve des romans de Jules Verne, George Sand, Erckmann-Chatrian, Dumas… 

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317200 - Magali, Mme De Stolz, Bibliothèque rose illustrée, Hachette (1882)

 Pour les enfants, Hachette crée la Bibliothèque rose, qui accueille par-exemple les romans de la Comtesse de Ségur. Les publications de cette collection sont appréciées des mères de famille chrétiennes. 

Le XIXe siècle voit la naissance d’une littérature scolaire et d’une littérature jeunesse à grande échelle, grâce aux progrès de la scolarisation. Désormais les livres sont pensés pour les enfants en tant que public spécifique. Une véritable littérature d'évasion leur est peu à peu proposée, et plus seulement des manuels scolaires. 

La littérature jeunesse « de loisir » se diffuse surtout à partir des années 1820-1830. Le clergé et les républicains sont à nouveau concurrents dans cette production de livres destinés aux enfants. 

L'éditeur Alfred Mame crée en 1840 la Bibliothèque pour la jeunesse chrétienne, qui rencontre un vif succès. Hetzel, éditeur laïc et républicain, publie des récits pour la jeunesse de George Sand, Alfred de Musset, Balzac... 

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Album Monnier, vol. I 341827, 1836

L'école gratuite et obligatoire pour l'enseignement primaire (lois Jules Ferry de 1881-1882) renforce le mouvement de laïcisation de l'enseignement et favorise encore l'alphabétisation jusque dans les campagnes.   

La lecture des enfants est étroitement surveillée par le clergé et les adultes dans les milieux bourgeois, notamment les mères. Certains livres sont à proscrire, surtout pour les jeunes filles.

Les femmes peuvent voir aussi leurs lectures contrôlées par leurs maris. 

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Album Monnier, vol. I 341827, 1836

Désiré Monnier a dessiné ici une jeune fille solitaire lisant (une lettre d'amour peut-être) à l'abri des regards, assise contre le tronc d'un arbre, son confident, "le siège des amis". 

  

Au cours du XIXe siècle, l'alphabétisation des femmes a nettement progressé. Elles représentent un nouveau lectorat. Elles sont friandes de romans et de romans-feuilletons. Elles lisent aussi des revues illustrées comme la Mode Illustrée et des ouvrages pratiques comme les livres de cuisine

Les domestiques femmes lisent entre deux tâches, sur leur temps de pause, et peuvent posséder quelques livres.

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Album Monnier, vol. III 341829

L'iconographie romantique représente souvent des lecteurs dans la nature, le paysage répondant aux élans du cœur, aux tourments de l'âme, à la poésie et aux romans tels ceux de Chateaubriand. 

Depuis le XVIIIe siècle et la réduction des formats, on peut lire à l'extérieur, en déplacement.  Ce dessin de Désiré Monnier met en scène une autre femme appuyée à un arbre, lisant dans la nature un ouvrage de petit format.

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13831-37 - L'abside des Grands-Carmes, Mon vieux Besançon : dessins de Gaston Coindre pour l'imprimerie (1899)

Sur ce dessin de Gaston Coindre, nous apercevons la devanture d’un cabinet de lecture. Les cabinets de lecture apparaissent au XVIIIe siècle. Ce sont des établissements publics où on peut lire la presse et des livres de littérature

Grâce à ces cabinets, les lecteurs qui ne possèdent pas de livres peuvent accéder aux imprimés. Il faut tout de même s’acquitter d’un abonnement, ce qui exclue les lecteurs les plus modestes. 

Les cabinets de lecture sont très nombreux et fréquentés, à Paris et en province, dans la première moitié du XIXe siècle. Ils rencontrent beaucoup moins de succès dans la seconde moitié du siècle, concurrencés par la presse et la baisse des prix des livres.

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2R34 - Bibliothèque populaire de Besançon

A partir de 1860, la lecture publique se développe amplement avec les bibliothèques paroissiales d’une part et, en réaction, les bibliothèques scolaires et populaires d’autre part (créées par l’arrêté du 1er juin 1862). Des bibliothèques d’entreprise font aussi leur apparition, lancées par les patrons.  

Adolphe Veil-Picard, banquier philanthrope et conseiller municipal, verse 3000 francs pour la création d'une bibliothèque populaire à Besançon. Elle est ouverte en 1879. En 1884, 424 lecteurs y sont abonnés. 

Education laïque et religieuse s’affrontent. Le clergé diffuse à la campagne de petits livres de piété. Aux yeux du clergé et des républicains, le peuple doit être encadré en matière de lecture. Dans les bibliothèques, pourtant, le goût et la demande des usagers vont en priorité vers les romans. 

Dans les villes, commerçants, ouvriers, employés, clercs et professions libérales sont amenés à fréquenter les bibliothèques. 

Début XXe, instituteur, étudiante, ouvrier, négociant, apprenti, couturière, fabricant d'horlogerie comptent parmi les abonnés de la bibliothèque populaire de Besançon, comme l'indique ce relevé des sommes perçues par son secrétaire (3e trimestre 1909).

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13197, 13200, 13199, 13198 - Charges, A. Bertrand, (1878)

La presse connait un grand tirage à partir de 1880. Cet envol se poursuivra jusqu’en 1914. Le journal change de format, grandit et se déploie. La lecture des journaux s’effectue partout dans l’espace public. La presse est très diversifiée, à Paris comme en province. Les grands titres éditent un supplément illustré le dimanche.

Alexandre Bertrand a dessiné ici un lecteur du Charivari, premier quotidien illustré satirique (1832-1937). Il se tient debout et semble absorbé par son journal en pleine rue. Il vient sans doute de l'acheter. Derrière le personnage, nous apercevons le foisonnement des titres de presse qu'on trouvait à Besançon à l'époque : Le Sylphe, L' Impartial, Le Franc-Comtois...

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64876 RILL - A. Bertrand, Deux saisons à Vichy, juillet-août (1868-1869)

Les feuilles volantes (journaux, brochures, programmes...) sont légères et peuvent être emportées partout. Pourquoi ne pas lire par-exemple dans sa baignoire, en voyage, en cure ? 

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64876 RILL - A. Bertrand, Deux saisons à Vichy, juillet-août (1868-1869)

Alexandre Bertrand rend bien compte de l'appétit de ses contemporains pour la presse avec tous ces hommes plongés dans la lecture de leurs journaux, croisés sans doute lors de son séjour à Vichy. 

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677 - La Démocratie franc-comtoise, journal politique quotidien, 06/07/1885

Beaucoup de grands romans sont d’abord publiés en « tranches » dans les journaux. Leur capacité à entraîner l'adhésion populaire est ainsi testée. Ils paraîtront sous forme de livres par la suite. Nous songeons bien sûr aux Mystères de Paris d’Eugène Sue, roman fleuve qui paraît dans Le Journal des Débats de juin 1842 à octobre 1843.

La publication en feuilleton permet à ces romans de devenir « lecture de masse ». Ils ciblent les gens du peuple qui ont peu de temps à accorder à la lecture, les travailleurs et les femmes bien occupées aux tâches domestiques et aux soins des enfants. Le journal est également moins cher qu’un livre pour les plus modestes. La presse bon marché apparaît autour de 1870-1880

Les femmes de la bourgeoisie suivent aussi les intrigues des romans-feuilletons. 

Le feuilleton apparaît en général en bas de la première page du quotidien. C’est le cas pour La Démocratie franc-comtoise, journal politique quotidien qui publie le 6 juillet 1885 le troisième épisode des Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon par Alphonse Daudet. La mention « à suivre » laisse le lecteur dans l’attente, et le pousse à imaginer la suite. 

Beaucoup de lecteurs de romans-feuilletons devaient échanger ensemble à ce sujet, ils s’inscrivaient dans une pratique collective, une lecture « partagée ». 

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CP-B-P104-0004 - 1897/1903

Cette carte postale datée des années 1897/1903 représente un « type bisontin », le Crieur de journaux. Il tient la Dépêche Républicaine de Franche-Comté, « organe quotidien de la politique progressiste, industriel, commercial & agricole ». Il appartient à la vie quotidienne bisontine. 

Les crieurs de journaux ont favorisé aussi le développement et la diffusion de la presse. Dès le début du XIXe siècle, de jeunes garçons assuraient la vente à la criée des journaux. Cette profession disparaît à partir des années 1950, suite au développement des messageries de presse. 

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EST.FC.1421 - Dessin d’Enders pour l’illustration des Contes franc-comtois d’ Henri Bouchot, 1906

A la fin du XIXe siècle, la lecture populaire domine

Trois nouvelles catégories de lecteurs sont apparues et se sont affirmées au cours du siècle : les lecteurs du monde paysan et ouvrier, les femmes et les enfants.

Le roman est le genre triomphant, il règnera sur le marché des livres publiés au début du XXe siècle. 

La lecture individuelle et silencieuse est devenue la première manière de lire, même dans les campagnes. 

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Sources : 

Michel Vernus, Histoire d’une pratique ordinaire : la Lecture en France, Éd. Alan Sutton, 2002, BM 329851  

Jean-Dominique Mellot, "Le Livre au Grand Siècle",  L'Aventure du livre, BNF 

Lire en Europe : Textes, formes, lectures (XVIIIe-XXIe siècle), sous la direction de Lodovica Braida et Brigitte Ouvry-Vial, Presses universitaires de Rennes, 2020, BM 346356

« Lire dans l’espace intime, dans l’espace public : les représentations du livre du Moyen Âge au XIXe siècle », Exposition du mardi 11 juillet au samedi 12 août 2017 à la Bibliothèque Municipale de Besançon 

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