« A la loupe » (2011)
Le canon de la médecine d'Avicenne
Le manuscrit d’Avicenne de Besançon est beaucoup partagé sur les réseaux sociaux. En le feuilletant, vous comprendrez pourquoi. Mais savez-vous qui était Avicenne et connaissez-vous le succès de cet ouvrage au Moyen Age et à l’époque moderne ?

La bibliothèque conserve le canon d’Avicenne qui appartenait à la famille Granvelle. L’ouvrage est traduit de l’arabe au latin par Gérard de Crémone au XIIe siècle et le manuscrit de la BM de Besançon date du début XIIIe siècle. Dans cette enluminure, le médecin examine la fiole d’urine. Le texte est justifié sur deux colonnes, la table des matières est ornée de poissons en bout de ligne et d’oiseaux et dragons dans les marges comme le Ms 551 puis commence le livre I.

Les lettrines traitées en miniature, renferment des rinceaux à figures d'animaux, parfois suivies de tableaux de consultations médicales ou d'opérations de chirurgie. Les bordures sont ornées de suites d'animaux fantastiques quadrupèdes, volatiles et poissons. Le bleu d'outremer et le rouge vermillon dominent dans la décoration : la flore et la faune sont encore celles dont usaient les ornemanistes du XII e siècle. L’or illumine richement toutes les décorations.

Avicenne est un médecin perse du XIe siècle. Son livre le Canon, le terme émane de l'arabe qanun (le droit, la justice) est l'ouvrage fondamental de l'enseignement de la médecine jusqu'au XVIe siècle. Il complète les connaissances de Galien (IIe siècle). De nombreuses pathologies sont représentées dans ce manuscrit richement enluminé et des soins particuliers comme pour l’allaitement, le mal de mer ou la vieillesse. Les titres sont en rouges, il s’agit des rubriques (de ruber : rouge)

Toutes les parties du corps sont représentées : les oreilles, le nez, la langue, les gencives, un goître, les poumons, le cœur, le sein, le foie, les intestins mais aussi le fondement et les testicules (voilà donc le succès actuel du manuscrit !) Le malade est parfois seul devant le médecin et souvent soutenu par un tiers. Il est toujours revêtu d’une chemise qui dévoile l’organe malade. Le médecin est reconnaissable à gauche, coiffé d'un petit chapeau et revétu d'une grande cape rouge ou bleu selon le fond de l'enluminure.

On retrouve dans le manuscrit les préparations médicinales broyées à l’aide d’un pilon et l’apothicairerie, ornée de ses nombreuses fioles ou des plantes médicinales au début du livre II. Remarquez que l’apothicaire goûte les potions !

Dans le livre V, c'est la dernière enluminure figurative. Les lettrines suivantes sont ornées d’entrelacs, composés par des dragons, hybrides zoomorphes ou anthropomorphes (têtes humaines).

On retrouve aussi des représentations anatomiques du corps. L’université de médecine de Montpellier date de 1220. Ce manuscrit a probablement été utilisé et annoté dans les marges par des médecins au Moyen Age. Quand le canon d'Avicenne a été imprimé, les médecins ont préféré l'ouvrage imprimé et le manuscrit est entré chez des collectionneurs.

Au Moyen âge, la césarienne se pratique sur les femmes décédées pour délivrer l’enfant. Dans la lettrine, l’architecture est simplifiée, sans colonne qui cacherait la scène principale, avec un décor trilobé vert, comme les manches de la deuxième sage femme.

Habituellement, le médecin désigne du doigt l’organe douloureux. Ici, le médecin ferme les yeux du patient qui a la main sur le cœur. Est-ce une attitude de soumission du patient qui doit suivre son médecin à l’aveugle ?

Si la plupart des lettrines sont décorées de figures zoomorphes (animales), ces lettrines ont la particularité d’être ornée par des hybrides anthropomorphes. On reconnait des coiffes féminines. Les chignons serrés dans des filets.

Dans les derniers feuillets, un index alphabétique permet de retrouver les différentes pathologies. Toutes les lettres sont là, si vous souhaitez-vous lancer dans la réalisation de lettrines. Evidemment, vous ne trouverez ni j, ni u, ni w.
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