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 Expositions virtuelles > Journaux des tranchées (2015)

Le Sourire de l'escouade

Charles Clerc ne conservait dans sa collection que le premier numéro du Sourire de l’escouade… qui n'en eut que 6.

Ce journal de tranchées a été fondé par 5 militaires de la 1ère compagnie du 19e régiment d’infanterie de ligne (Adolphe Brechet, Marius Bonnefous, Edmond Ledos, Marius Marouby et Roger Anceaume) à une date hautement symbolique, le 14 juillet 1916. Ils seront tous les quatre tués le 1er novembre 1916 alors que leur 6e et dernier numéro venait de paraître le 25 octobre.

Le Sourire de l'Escouade (14 juillet 1916) 

Leur modeste « petite feuille » à l’écriture manuscrite est reproduite artisanalement à la pâte à polycopier, sur 4 pages, lors des repos, comme l’indique le post-scriptum qui s’excuse ironiquement des irrégularités de parution à prévoir.

Le titre comme le texte tout entier sont une affirmation de « la bonne humeur française qui demeure vivace même aux coins les plus sombres de nos gourbis ». Les termes de joyeux et de gais reviennent sans cesse, signe que l’objectif premier des journaux de tranchées est de distraire les poilus et de « noyer le cafard ».

En cela, ils bénéficient de la bienveillance du gouvernement, la circulaire Joffre du 8 mars 1916 encourageant leur parution : «Ces journaux ont pour but de distraire et d’amuser les combattants. En même temps, ils montrent à tous que nos soldats sont pleins de confiance, de gaieté et de courage».

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Le texte de ce premier numéro, « A nos lecteurs », est révélateur de l’esprit et du fonctionnement des journaux de tranchées. Les rédacteurs sont des poilus qui s’adressent à leurs compagnons de combat, appelés à contribuer au journal avec leurs propres réflexions « sur le vif ».

L’esprit de corps est mis en avant à travers l’évocation de la réalité de la guerre partagée par ces soldats, dans les tranchées, les abris et les gourbis, à quelques mètres de ceux d’en face « qui sont terrés de l’autre côté de nos fils de fer ».

Le dessin de l’en-tête du journal représente un poilu français tenant en respect un soldat allemand. Reconnaissable à son casque Adrian, surmonté d’un coq français dressé fièrement et clamant un « cocorico », le poilu est figuré avec une barbe, détendu et fumant une cigarette.

En contraste, le soldat allemand semble éberlué tandis que l’aigle affalé sur son casque lance piteusement un « Kamerad », moquerie classique envers les Allemands.

Au centre, le soleil levant porte le nom du 19e régiment d’infanterie, l’un des plus anciens régiments de l’armée française, fondé en 1597. Ses rayons portent fièrement le nom des batailles où le régiment s’est illustré au cours de l’histoire (sous la Révolution à Jemmapes ; avec Napoléon à Wagram ; à Héliopolis en Egypte le 20 mars 1800 sous les ordres du général Kléber ; à Sébastopol pendant la guerre de Crimée).

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Roland Dorgelès, dans un article du Petit Parisien du 27 janvier 1936, évoque Le Sourire de l'Escouade (avec une erreur quant à sa durée) :

"Parmi tous ces titres qui me viennent à l'esprit, je n'en veux retenir qu'un : Le Sourire de l'Escouade. Il a tenu trois ans [4 mois en fait], paraissant chaque fois qu'il pouvait, au repos ou en ligne, entre deux attaques. Puis, un jour, en 1917, sur une feuille bordée de noir, on a lu cet avis :

Le Sourire de l'Escouade ne paraîtra plus : ses collaborateurs ont été tués tous les cinq, devant le fort de Vaux.

La fatalité les avait réunis dans un même trou où un obus les écrasa. Cinq serrés au coude-à-coude, blêmes et terreux, blaguant quand même : "Tu le mettras dans ton article" ... leur dernier sourire."

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