« A la loupe » (2020)
Les recensements de population
Sous l'Ancien Régime

Sous l'Ancien Régime, des dénombrements de la population sont effectués pour des raisons fiscales, afin de pouvoir calculer certains impôts. Pour Besançon, c'est par exemple le cas des registres de capitation (1701-1786), sorte d'ancêtre de l'impôt sur le revenu.Ils sont cependant assez sommaires, indiquant juste le nom, le métier, l'adresse (du moins, la bannière et la rue) et les sommes perçues par les Bisontins imposables.

D'autres registres d'imposition peuvent faire office de dénombrements de la population bisontine, comme les rôles d'imposition sur le sel (1773-1788) ou les rôles du deux-vingtième (1756-1782).
Après la Révolution française

Les recensements de population tels qu'on les connaît actuellement ont été créés en 1801, sous l'impulsion de Lucien Bonaparte (frère de Napoléon Bonaparte, ministre de l’Intérieur en 1799-1800) et Jean-Antoine Chaptal (médecin et homme politique, ministre de l’Intérieur en 1801). Pour chaque foyer, on indique les noms et prénoms des personnes qui y vivent, leur profession ou leur lien de parenté avec le chef du foyer (généralement l'épouse et les enfants), l'âge et le lieu de naissance.
A Besançon, le territoire communal est divisé en 8 sections. Pour le recensement de 1801, seul le recensement des deux dernières sections est parvenu jusqu'à nous.

A noter qu'il existe pour Besançon un recensement en 1794. On y trouve quasiment les mêmes informations que pour celui de 1801. Malheureusement, il est également lacunaire puisqu'on ne possède que les recensements des 5e, 6e, 7e et 8e sections.

Le recensement de population mis en place en 1801 s'est renouvelé ensuite tous les 5 ans, à l'exception des années 1871 et 1916 : comme il s'agit d'années où le pays était en guerre, les recensements n'ont pas eu lieu. Après 1946, le mode de réalisation des recensements change : il n'est plus organisé par les communes, mais par l'INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques) et possède des informations bien plus sommaires : seuls les noms, prénoms, profession et âge des personnes recensées sont indiqués.
Aux Archives municipales de Besançon, seuls les recensements jusqu'en 1936 sont publiés sur Mémoire vive, conformément aux recommandations de la CNIL (Commission nationale informatique et liberté). Mais le service conserve les recensements jusqu'en 1968.
Par ailleurs, les premiers recensements sont très lacunaires : avant 1836, seuls 3 recensements subsistent, ceux de 1794 et 1801 (avec les aléas évoqués précédemment) et de 1816 (2e section uniquement).
Quelles informations peut-on y trouver ?

Quelle que soit l'époque, certaines informations existent : le nom, le prénom, la profession, et l'âge (ou la date de naissance).
En 1836, les données suivantes sont précisées : nom, prénom, profession, état civil (garçon/fille, marié ou veuf), âge.
Le numéro des maisons apparaît en 1846 : on commence généralement par indiquer les maisons qui comportent un nombre pair, puis celles qui ont un nombre impair. Attention toutefois : certaines rues importantes comme la Grande rue sont parfois réparties dans plusieurs sections différentes.

En 1851, on ajoute une information supplémentaire : la nationalité. On précise en effet si les habitants sont français d'origine, naturalisés ou étrangers (dans ce dernier cas, le pays d’origine est également mentionné). Cette indication disparaît toutefois dès le recensement suivant, en 1856.

En 1876, on mentionne à nouveau la nationalité ou, pour les personnes françaises, si elles sont nées dans la commune, dans le département (mais sans indication de la ville) ou dans un autre département (là aussi sans précision du nom du département et de la commune de naissance). Encore une fois, cette indication disparaît avec le recensement suivant.

En 1881, la mention de l'état civil (célibataire, marié ou veuf) disparaît et on distingue désormais dans deux cases différentes la profession et la situation au sein du foyer (épouse, enfants, grands-parents, domestique...).

La nationalité est à nouveau indiquée en 1886, mais de façon très sommaire : on indique juste « française » ou « étrangère » selon le cas de figure. Cela s'étoffe avec le recensement suivant, en 1891, car dans le cas des Bisontins d'origine étrangère, le pays de naissance est indiqué clairement.

En 1901, un complément est apporté par rapport à la profession : une colonne supplémentaire permet de donner le nom de l'usine ou de l'employeur pour les personnes étant employées dans les secteurs de l'industrie ou du commerce.

En 1906, la mention de l'âge disparaît au profit de deux nouvelles indications très intéressantes pour les généalogistes : l'année et le lieu de naissance. La nationalité, elle, est toujours spécifiée.
On constate, au fil de ces recensements, les fluctuations des données collectées.

Il faut ensuite attendre 1936 pour voir un grand changement dans le découpage de la ville : au lieu des 8 sections traditionnelles, le territoire bisontin est désormais divisé en 15 sections.
Comment faire une recherche dans les recensements de population ?
Les recensements de population sont un complément essentiel aux recherches généalogiques : ils permettent par exemple de savoir si, au moment de la naissance d'un aieul, celui-ci avait des frères et sœurs, et de connaître leur identité. L’ensemble du foyer familial peut ainsi être reconstitué.
L'élément fondamental est de disposer de l'adresse de l'ancêtre en question : elle figure dans l'acte de naissance (le domicile des parents, qui est aussi le lieu où naît l'enfant) ou l'acte de mariage (habituellement le domicile de l'époux). Il faut ensuite savoir dans quelle section se trouve cette rue : pour cela, le tableau ci-dessous est d'une grande aide.

Une fois la section obtenue, il suffit de consulter le bon registre. A noter que pour certaines sections et années, une sorte de sommaire figure dans les premières pages : il récapitule le nom des rues recensées et l'ordre dans lequel elles apparaissent.
Il ne reste plus qu'à trouver le bon numéro de maison puis lire la composition du foyer. Comme indiqué précédemment, les recensements les plus « tardifs » sont ceux qui contiennent le plus d'informations.
Apercevoir l'évolution d'une ville, d'un quartier et de ses habitants

Outre les recherches généalogiques, les recensements de population peuvent être une source d'informations très riches et intéressantes pour qui s'intéresse à l'évolution des différents quartiers de Besançon et à la vie de ses habitants.
Par exemple, le recensement de l'année 1891 pour le quartier de Saint-Ferjeux, montre la prépondérance d’une population essentiellement rurale.

Trente ans plus tard, en 1921, le recensement permet de constater qu'avec le développement de la ville et l'arrivée de nouveaux habitants (préférant vivre en banlieue qu'en centre-ville), les professions se sont diversifiées et qu'une plus grande mixité sociale règne dans ce quartier.
Pour conclure, malgré les renseignements plus ou moins précis selon les années, et une conservation incomplète de ces documents, les recensements de la population sont riches d’enseignements pour les historiens et les généalogistes.
Ils sont une source importante pour l’histoire locale, sur le plan sociologique notamment.
Retour vers la page « A la loupe »
Retour vers la page d'accueil de Mémoire vive