« A la loupe » (2019)
Pierre-Adrien Pâris, archéologue à Rome
Pierre-Adrien Pâris, né à Besançon en 1745, est devenu dessinateur de la chambre et du cabinet du Roi, « les Menus plaisirs », en 1778 et un architecte recherché.
La Révolution française met un terme à son activité et lui fait perdre ses charges et sa clientèle. Il se réfugie en Normandie pendant quatorze ans, avant de débuter une troisième vie inattendue.
En 1806, il part en Italie, et devient directeur de l’Académie de France par intérim et se consacre à des recherches architecturales et archéologiques.

Entre 1810 et 1817, il prend des relevés pour ses études d’architecture. Il participe alors aux fouilles du Colisée.
Enfin, il rentre à Besançon où il décède deux ans plus tard, après avoir légué ses collections à la bibliothèque.
Mémoirevive a souvent présenté cet architecte en vue avant la Révolution et architecte des Menus Plaisirs (les décors pour le Dormeur éveillé ou L'Amant sylphe) ainsi que sa bibliothèque.

Pierre Adrien Pâris connait déjà Rome où il a séjourné à l’Académie de France une première fois entre 1771 et 1774. Il guide, en décembre 1773 puis en mars 1774, la famille Bergeret de Grancourt et Jean Honoré Fragonard dans Rome. En 1786, il rachète quelques objets lors de la vente Bergeret de Grancourt.
Lors de ces voyages en Italie, il tient des carnets de voyage illustrés et richement détaillés. Il visite par exemple une propriété de Louise de Savoie, la vigne de la Reine à Turin « petite maison de plaisance placée à mi cote et dans une jolie et agréable situation ».

Au cours de sa carrière d’architecte, il gagne assez d’argent pour être à l’abri du besoin ; logé par des amis, il peut consacrer sa fortune à l’achat de livres et d’œuvres d’art. Il retourne en Italie en 1783.
Pendant la Révolution Française, entre 1793 et 1806, en Normandie, il se replonge dans ses relevés romains et élabore le premier volume de ses études d’architectures composées en 136 planches. Ce volume contient les monuments de Rome, de ses environs et de la Campanie, quelques monuments d’Inde, de Perse et d’Egypte surtout. Une sorte d’atlas pour une histoire de l’architecture des origines aux Romains.

Il met au net également un recueil de ses réalisations architecturales : l’hôpital de Bourg en Bresse, le château de Colmoulins, l’hôtel de Richebourg à Paris, deux maisons à Orléans ou le château de Montendre en Champagne, ainsi que différents projets.

En juillet 1806, Pâris souhaite se rendre une dernière fois à Rome. Alors qu’il doit rentrer en Normandie, l’ambassadeur de France lui demande de prendre l’intérim du poste de directeur de l’académie de France à Rome pendant trois mois. Il est chargé ensuite du déménagement des meubles et statues de la villa Borghese. Parmi les statues, le fameux hermaphrodite actuellement présenté au Louvre.

Pâris consacre les dernières années de son séjour à Rome à rédiger un livre sur le Colisée. Il assiste aux fouilles de Carlo Lucangeli. Un grand chapitre étudie ce monument dans son Examen des édifices antiques de Rome : « Cet édifice est une des merveilles du monde par sa vaste étendue, sa grande élévation, l’entente de son plan ainsi que par la solidité de sa construction. »

En étudiant les œuvres antiques comme archéologue, Pâris a l’ambition de les analyser comme architecte. Il s’en explique dans Examen des édifices antiques. Il souhaite compléter ainsi le livre d’Antoine Desgodetz : « Depuis la Renaissance des arts les beautés de l’architecture antique ont été vivement senties et plusieurs auteurs recommandables ont entrepris d’en faire connaître les restes précieux, conservés surtout à Rome. Palladio dirigé par son génie a voulu les reproduire tels qu’ils ont peut-être dans leur primitive intégrité, Chambray s’est borné à en extraire ce qui avait rapport aux ordres… »
« Aucun de ces auteurs ne s’est permis de disputer le mérite de ces intéressantes production du génie des architectes anciens ! (…) Y aurait-il donc de la témérité à les soumettre à l’analyse, à vouloir les épurer au creuset de la raison et du goût, afin de les rendre plus propres à diriger les études des architectes de nos jours ? »

Cette esquisse est reprise en 1816 avec un examen des édifices modernes. La basilique Saint Pierre est évidemment décrite dans cette étude ainsi que différents palais. Les notes manuscrites sont illustrées par différentes gravures collectées par Pâris pour illustrer ce travail.

Pierre Adrien Pâris s’intéresse longuement à un ancien complexe cultuel romain de la fin du IIe siècle av. J.-C., lieu sacré dédié à la déesse Fortuna de la ville de Praeneste (aujourd'hui Palestrina dans la province de Rome). Il localise les différents bâtiments du culte sur ce site aménagé en terrasse.

L’essentiel de l’œuvre de Pâris ne porte pas sur ses découvertes archéologiques. Les projets d’éditions des manuscrits échouent en 1818, ils ne sont pas publiés et les archéologues n’ont donc pas connaissance de ses travaux. Ce deuxième manuscrit est une copie du texte mais est enrichi de dessins en vue de la publication
Pâris souhaitait argumenter la valeur architecturale des monuments antiques, comme modèle possible. Cet architecte a donc étudié cette architecture pendant une grande partie de sa vie, pour s’en inspirer et s’en éloigner dans ses propres réalisations.
Bibliographie
- Le cabinet de Pierre-Adrien Pâris : architecte, dessinateur des Menus-plaisirs, catalogue d’exposition, Musée des beaux-arts et Bibliothèque de Besançon, 2008
- Pierre Pinon, Pierre-Adrien Pâris (1745-1819), architecte, et les monuments antiques de Rome et de la Campanie, Rome : Ecole française de Rome, 2007
- Pierre Rosenberg, Les Fragonard de Besançon, catalogue d’exposition, Musée des beaux-arts et Bibliothèque de Besançon, 2006
- Fragonard et le voyage en Italie (1773-1774) : Les Bergeret, une famille de mécènes, catalogue d’exposition, Musée Louis-Senlecq de L'Isle-Adam, 2001
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