« A la loupe » (2019)
Gaston Coindre : croquis et gravures
Gaston Coindre est né en 1844 à Besançon, d’une famille d’ancienne bourgeoisie commerçante assez conservatrice. Destiné par son père à un emploi administratif stable et prudent, il se plaît davantage à dessiner et à fréquenter des artistes.
La bibliothèque conserve un de ses premiers carnets de croquis, daté de 1861.

Dès 1867, un de ses dessins est accepté par le Salon. En 1875 il publie Besançon et la vallée du Doubs, texte illustré de 25 eaux fortes. En 1880 il quitte Besançon pour se consacrer à l’enseignement artistique à Paris. Il rentre dans sa ville natale en 1904, déjà malade, et continue à publier ses œuvres jusqu’à sa mort en 1914. Un article précédent a déjà été consacré à Gaston Coindre et donne de plus amples renseignements sur sa biographie.
Architecture et paysages

Coindre n’accorde pas d’intérêt particulier à la figure humaine ou animalière. Ses œuvres portent essentiellement sur deux thèmes : l’architecture, à travers la représentation de de vieilles maisons et de villes (notamment de Franche-Comté) ; le paysage, largement représenté, notamment dans ses croquis qui font la part belle à la vallée du Doubs, aux arbres, aux tableaux bucoliques.
Peu d’humains ou d’animaux sont intégrés à ces vues, et quand ils sont représentés ils font généralement partie d’un paysage – urbain ou campagnard – et ne constituent pas le sujet principal.

Coindre est avant tout un dessinateur : il ne crée pas de gouaches ni d’aquarelles, mais a laissé une œuvre composée de dessins au crayon ou à l’encre, dont un certain nombre ont été gravés et imprimés dans des livres qui les regroupent par thématique.

Franc-comtois d’origine, né à Besançon, conservateur du musée de Salins de 1883 à 1902, il a beaucoup représenté les villes de sa région : il est particulièrement connu pour ses représentations de Besançon (Besançon et la vallée du Doubs, 1874 ; Besançon qui s’en va, 1874-1875 ; Mon vieux Besançon, 1900-1912), mais il a aussi arpenté et dessiné Luxeuil (en 1884, douze dessins originaux représentent Luxeuil), et bien sûr Salins où il réside périodiquement pour prendre soin du musée (Salins aux vieux quartiers, 1883 ; Le vieux Salins, 1904).
Paris, voyages en France et en Suisse

Il vit cependant à Paris pendant plusieurs années et collabore à plusieurs ouvrages d’Edouard Drumont sur cette ville, notamment Mon vieux Paris en 1893, De l’or, de la boue, du sang en 1895, enfin Vieux portraits, vieux cadres en 1899. Ses dessins représentent le Paris d’autrefois, désormais disparu. Drumont lui recommande d’ailleurs dans une lettre : « Soignez bien vos petites rues tranquilles afin qu’on entre doucement dans le drame ».

Dans un album de voyage de 1860, on trouve des représentations de villes diverses, de Suisse et de Franche-Comté, souvent mêlées à des dessins de paysages. Lors de ses voyages l’artiste croque sur le vif quelques motifs, qui ne trouveront pas toujours place dans son œuvre publiée, mais qui toujours s’inscrivent dans ses thèmes de prédilection. Ici, Zürich :
Nostalgie

L’œuvre de Gaston Coindre est empreinte de nostalgie, voire de conservatisme. Ses représentations de villes sont figées dans un passé idéalisé, qu’il tente de prolonger grâce à la magie du dessin. Ainsi sa représentation du pont de Chamars, très bucolique, dans Mon vieux Besançon (1901), ou la représentation d’une maison démolie dont seul subsiste désormais le dessin.

Ses amis artistes comme Just Becquet rendent hommage à ses dessins et soulignent le caractère poétique de ses représentations de villes, notamment de Paris : « Ces représentations du vieux Paris que vous rendez si réelles et en même temps si poétiques par votre burin seront des documents des plus intéressants qui seront consultés plus tard par tous les érudits et les amateurs de beaux dessins ».
Retour vers la page « A la loupe »
Retour vers la page d'accueil de Mémoire vive