« A la loupe » (2015)
Le monument aux morts de la Grande Guerre
Dès 1920 plusieurs emplacements sont étudiés pour y implanter le monument rendant hommage aux victimes de la guerre 1914-1918.
La place Flore et le square Saint Amour ont été rapidement écartés car jugés trop exigus. Restent le site de Chamars (au niveau du pont Canot) et les glacis de la gare Viotte. Un conseiller municipal propose également un emplacement à Tarragnoz, à côté de la gendarmerie.
Après de nombreux débats, c’est le site de la gare qui est finalement retenu en 1923.

Le projet
Pour financer cette importante opération, la ville lance une souscription en 1920. Les sommes recueillies ne seront pas suffisantes pour couvrir la totalité des frais à engager. Le budget définitif s’élève en effet à 289 000 francs.
Après un concours ouvert aux « artistes français », la réalisation du monument est confiée à l’architecte bisontin Maurice Boutterin, grand prix de Rome, assisté des sculpteurs Paul Gasq, Georges Laethier et Albert Pasche.

La construction
Les travaux débutent au deuxième trimestre de l’année 1924. Le monument se compose d’une grande stèle centrale, entourée d’une terrasse et d’escaliers. Le motif principal, au centre du monument, réalisé par Paul Gasq, représente la « ville de Besançon » s’appuyant sur un adolescent symbolisant l’avenir.
Devant elle, ses deux « gardes d’honneur » personnifiant d’un côté « le départ », un jeune soldat enthousiaste (œuvre de Georges Laethier), de l’autre « le retour », un poilu de 1918, aguerri par 5 années de souffrances (œuvre d’Albert Pasche).

L’inauguration du monument le 30 novembre 1924.
Le maire de Besançon, Charles Krug, souhaite que l’inauguration soit l’occasion d’une cérémonie particulière. Pour rendre hommage aux 1531 victimes originaires de Besançon le maire proscrit les discours officiels et convie tous les habitants de la ville à défiler silencieusement devant « leur monument au morts et couvrir de fleurs l’autel de la Patrie ».

Les pompiers, les orphelins, les veuves de guerre, les sociétés avec leurs bannières, le conseil municipal, les officiers, les magistrats et une foule immense estimée à 30000 personnes se sont rendus sur place, sans qu’aucun mot ne soit prononcé.
Une minute de recueillement est alors respectée dans toute la ville. Les salles de spectacles, les établissements publics, les cafés restent fermés pour l’occasion. A partir de 14h et pendant 10 minutes toutes les cloches de la ville sonnent à toute volée.
En «une » le Petit Comtois du 1er décembre 1924 relate l’inauguration du monument aux morts.
L’Eclair Comtois dans son édition du 1er décembre 1924 revient également sur cet évènement.

Les hommages aux Bisontins morts pour la France
Quelques semaines avant l’inauguration officielle, une autre cérémonie, plus modeste a eu lieu au même endroit.
En effet le 1er novembre 1924 un étui métallique en zinc, contenant un parchemin avec la liste des 1531 Bisontins morts pour la France, a été inséré dans une la cavité réalisée à cet effet, qui domine le monument nouvellement construit. C’est un pupille de la nation qui le même jour a inséré le parchemin dans l’étui à l’hôtel de ville, en présence des autorités militaires et civiles et mais aussi des Présidents des associations.

Le 2 novembre 1924, les quotidiens « Le Petit Comtois » et « L’Eclair Comtois » consacrent un article à la Cérémonie de mise en place du parchemin dans l’étui et à son dépôt dans l’urne du monument.
"Ciel bas, bruine, vent lugubre, tout contribuait à faire de la journée d'hier une véritable journée de deuil..." Le Petit Comtois
"C'est par un temps gris, brumeux, mélancolique à souhait, tel qu'il convient pour un jour de Toussaint..." L'Eclair Comtois

Le bombardement de juillet 1943
Le bombardement des forces alliées qui a visé la gare de Besançon dans la nuit du 16 juillet 1943 n’a pas épargné le monument aux morts. En effet il a été sérieusement endommagé par l’une des 80 bombes qui sont abattues sur le quartier. Il a été restauré par la suite.

Le livre d’or
En 1961 la ville de Besançon réalise un « Livre d'or des habitants de Besançon morts pour la France ». Ce document dresse une liste des morts de la guerre de 1914-1918, mais aussi de la guerre de 1939-1945, des campagnes d'Indochine et de Corée (1945-1954) et des opérations en Afrique du Nord.

Travaux en 1973
En 1973, Bernard Faille réalise ce cliché des travaux de la gare Viotte pour l'Est Républicain.

Le déplacement du monument
A la fin de l’année 2012, avec l’arrivée programmée du tramway et le réaménagement complet du parvis de la gare, cet imposant monument haut de 16 mètres, dégradé par le passage des années, a dû être démonté ; l’urne qui se trouve au sommet du monument et qui contenait le parchemin a été ouverte le 9 octobre 2012 et le document a été provisoirement transféré aux archives municipales pour être numérisé et reconditionné.

Un nouveau lieu de mémoire
C’est en 2013 que certains des éléments du monument d’origine (les statues des deux soldats et la statue à l’effigie de la ville de Besançon) ainsi que le rouleau de parchemin ont été repositionnés sur le nouveau lieu de mémoire dédié aux combattants morts pour la France.
Situe sur le Parc des Glacis, le nouveau monument est inauguré le 18 juin 2013, le même jour la statue d’Ousmane Sow, « L’homme et l’enfant » est installée.
Sources :
Archives municipales : sous-séries 1M, 4H et 1D ;
Bibliothèque municipale : Le Petit Comtois ; L’Eclair Comtois, Bulletin de liaison de la Société Philatélique de Besançon n°591.
Hommage à quatre sculpteurs oubliés.- Besançon : Musée des beaux-arts et d'archéologie de Besançon, 1996
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