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Expositions virtuelles > Histoire d'eau (2009)

Histoire d'eau. 2 - L'émergence des réseaux modernes (milieu XIXe siècle - début XXe siècle)

Sommaire : 

  • 2.1) L'aqueduc d'Arcier
  • 2.2) La généralisation de l'approvisionnement
  • 2.3) La mise en place du réseau d'assainissement 

2.1) L'aqueduc d'Arcier 

Dès la fin du XVIIe siècle, la restauration de l'aqueduc d'Arcier antique apparaît comme une nécessité. De nombreuses demandes de souscriptions publiques sont lancées, notamment avec le soutien de l'intendant Lacoré. Mais faute de moyens, aucun projet n'aboutit.

Demande de souscription de l'intendant Lacoré auprès des habitants de Besançon pour financer la construction d'un « canal » pour conduire les eaux d'Arcier dans la ville, s.d., DD169 (pièce 17)

Télécharger le texte de la demande de souscription de l'intendant Lacoré (3 p.) (DD169, pièce 17) : 

A la veille de la Révolution, le problème de l'eau reste préoccupant, d'autant que la population ne cesse de croître : elle a doublé durant le XVIIIe siècle pour atteindre plus de 30 000 habitants en 1791, et continue d'augmenter au XIXe siècle. Besançon a donc besoin de plus grandes quantités d'eau.

En 1835, l'ingénieur civil Boudsot préconise l'adduction des sources d'Arcier : en raison de leur débit important, du fait qu'elles ne se tarissent jamais, de leur qualité « hygiénique » et parce que leurs eaux peuvent être amenées par gravité dans les parties les plus élevées de la ville. Lors de sa réunion du 9 avril 1836, le conseil municipal autorise le maire à « poursuivre par voie d'expropriation pour cause d'utilité publique » la cession de la source haute d'Arcier. Le montant total des indemnités payées par la Ville s'élève à la somme considérable de 146 845 francs.

Télécharger le Mémoire de l'ingénieur Boudsot (36 p.) : 

Sur les plans de l'ingénieur Mary, ingénieur en chef des eaux de Paris, professeur à l'Ecole Centrale et à celle des Ponts et Chaussées, la construction de l'aqueduc (10,26 km de longueur) et d'ouvrages complémentaires (deux réservoirs, des canalisations d'eau dans toutes les rues du centre, des fontaines et bornes-fontaines, les premiers égouts) est terminée en 1854.  

Télécharger le Rapport de l'ingénieur Mary (55 p.) :  

Bénédiction de l'aqueduc d'Arcier et des nouvelles fontaines, 1855, 5Fi23.

Mais dès 1860, la Ville craint que le débit de l'eau des sources hautes d'Arcier soit insuffisant en période de sécheresse, d'autant qu'il y a de plus en plus de raccordements de particuliers au réseau. Elle lance alors une procédure pour devenir propriétaire exclusif des sources hautes et basses d'Arcier.

Plan du réservoir de la place du Palais (réservoir Saint-Jean), 1850, 5Fi17.
Plan du réservoir de Fort Griffon, 1850, 5Fi18.

[Ci-dessus : Plan général de l’aqueduc projeté pour amener à Besançon les eaux de la source haute d’Arcier, 1850, 3N7 (en 2 vues)]

Les sources d'Arcier actuelles, Direction Communication.

2.2) La généralisation de l'approvisionnement 

  • La mise en place du réseau d'adduction d'eau :

Le Second Empire est une période de grands travaux pour Besançon et le réseau d'alimentation en eau.

L'aqueduc d'Arcier aboutit place du Palais et la distribution d'eau se fait à partir du réservoir Saint-Jean, construit en contrebas de la citadelle et situé à 26 mètres au-dessus du niveau du Doubs. Deux grandes conduites alimentent les rues des Granges et Mégevand, à partir desquelles des canalisations secondaires alimentent les autres rues de la Boucle. Ces conduites « maîtresses » se rejoignent au niveau du pont Battant et remontent jusqu'au réservoir du fort Griffon sur l'autre rive du Doubs.

En 1878, environ 40% des habitations du centre sont alimentées. Les abonnements sont à « robinet libre » avec une estimation de la consommation, sans compteur. Mais en 1881, la Ville doit engager un garde fontainier pour contrôler la consommation d'eau des habitants qui consomment bien plus que la quantité d'eau réellement facturée.

Arrêté municipal « Police des fontaines et des pompes » adressé aux cochers, loueurs de chevaux, voituriers, aubergistes et autres particuliers, 1829, 5Fi7.

  • Un réseau fragile à consolider :
Répartition des causes de mortalité à Besançon entre 1882 et 1886 extrait de l'Annuaire statistique et démographique de la Ville de Besançon, 1886, 1F69.

Le réseau d'adduction d'eau reste longtemps confronté à des problèmes sanitaires. En 1854, une épidémie de choléra occasionne 174 décès. En 1889 et en 1889, des cas de fièvre typhoïde se déclarent aux Chaprais, jetant la suspicion sur les sources de Fontaine-Argent. Ces dernières seront maintenant abandonnées pour l'alimentation humaine et seulement utilisées pour les bouches d'arrosage, les bornes d'incendie et le curage des égouts. Lors d'une nouvelle épidémie de fièvre typhoïde en 1893, les sources d'Arcier sont suspectées car polluées par un ruisseau à Nancray dont l'eau est souillée par une porcherie et d'autres immondices. 

L'ensemble de la banlieue haute (Saint-Ferjeux et les Chaprais) est desservi par les sources d'Aglans, considérées comme particulièrement pures. En 1904, quinze bornes-fontaines alimentées par les sources d'Aglans sont installées dans la Boucle pour permettre aux usagers d'y puiser de l'eau de boisson, notamment après une période de fortes pluies. 

  • L'extension du réseau vers la banlieue :

Le réseau d'eau ne s'étend aux quartiers de la banlieue qu'à partir des années 1870. Au printemps 1874, les eaux de Bregille, recueillies dans un réservoir de 300 m3 situé à la Mouillère, alimentent par gravité les faubourgs de Bregille et des Chaprais. En 1875, les sources de Fontaine-Argent sont reprises pour les hauts des Chaprais et la Viotte. C'est également en 1875 qu'une pompe est mise en service au voisinage du réservoir de Fort Griffon pour refouler les eaux d'Arcier sur le réservoir de Saint-Claude, nouvellement construit et destiné à la « banlieue haute », c'est-à-dire les habitations situées en altitude. La conduite de Fontaine-Argent est étendue aux quartiers de Saint-Ferjeux et de la Butte en 1877. 

Plan général pour le projet d’utilisation des sources de la forêt d’Aglans et du bois communal de Saône, 1882, 5Fi22 (en 2 vues)

2.3) La mise en place du réseau d'assainissement

Plan d’ensemble du réseau d’assainissement en 1910, 1O242.

L'arrivée de l'adduction d'eau d'Arcier en 1854 permet la mise en service des premiers égouts pour y loger les conduites maîtresses et évacuer les eaux de pluie et ménagères.

Wagon-vanne de curage, 1885, 1O295.
Wagon-vanne de curage, 1885, 1O295.

Le raccordement à l'égout devient obligatoire en 1862, tant pour le centre-ville que pour les quartiers de banlieue. Mais le « tout-à-l'égout » n'est pas encore à l'ordre du jour. En effet, les travaux d'enfouissement des conduites d'eau n'ont pas été mis à profit pour installer systématiquement des égouts dans toutes les rues et le raccordement des fosses d'aisance aux égouts est interdit. Les deux grandes conduites de la Boucle ne servent qu'à évacuer le trop plein des fontaines publiques. 

Les différentes galeries d'égouts se déversent directement dans le Doubs par une quinzaine d'ouvertures, contribuant à amplifier les risques d'inondation au centre-ville.

L'arrivée de l'ingénieur-voyer Rouzet en 1872 relance le service de la salubrité

Un projet de « collecteur de ceinture » pour l'ensemble de la Boucle est estimé à 250 000 francs en 1878. Faute de financement, seule une section de ce grand collecteur est construite durant les années 1895-1896, entre la porte Rivotte et le pont Battant. 

Les eaux usées se déversent désormais dans le Doubs à la sortie du collecteur permettant de donner une certaine cohérence au réseau et de protéger la baignade municipale de Saint-Pierre.

Projet d'urinoir isolé à 5 stalles avec colonne lumineuse au rond-point du pont Saint-Pierre (actuel pont de la République), 1886, 1O238 (dossier n° 23)

Le problème de l'évacuation du contenu des fosses reste également entier : les matières de vidange sont entreposées dans une combe de la forêt de Chailluz (1884) ou sur un terrain au port de Rivotte (au niveau des Prés-de-Vaux), où les bateaux de vidange déversent leur chargement avec des pompes (1877).

Quant aux désagréments causés par les urinoirs, ils persistent encore. Mais leur raccordement à l'égoût va être systématisé au prix de travaux coûteux, avec l'aménagement d'installations plus modernes, isolées des murs d'habitations, parfois « à effets d'eau » et avec « éclairage nocturne ».

A la fin du XXe siècle, l'évacuation des eaux pluviales et ménagères des rues du centre est assurée, comme celle du trop-plein des fontaines. 

Malgré les difficultés financières, le réseau d'assainissement se développe peu à peu : de 7 km en 1869, il passe à 10,5 km en 1886 et à environ 12,5 km en 1896.

Coupe d’un immeuble avec le « tout à l’égout », 1907, 1O242.

Accéder aux autres parties : Introduction ; 1. Les prémices ; 3. Face à l'expansion urbaine ; 4. Des usages de l'eau au quotidien ; Supplément : Les fontaines de Besançon.  

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