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 Expositions virtuelles > Histoire d'eau (2009) 

Histoire d'eau. 1 - Les premices

 Sommaire : 

  • 1.1) L'eau à Vesontio ; 
  • 1.2) Les sources de Fontaine-Argent et les premières fontaines publiques
  • 1.3) Les eaux de Bregille (milieu XVIe - XVIIIe siècle) 

1.1) L'eau à Vesontio

Vers 170 après J-C, les Romains entreprennent la construction d'un aqueduc de 10 km de long, amenant dans la Boucle les eaux des sources d'Arcier. Il consistait en une galerie souterraine de 1,55 m de haut et de 0,75 m de large, sauf dans la traversée de deux vallées où il était soutenu par des arcs. L'aqueduc entrait en ville par une étroite ouverture percée dans le roc (aujourd'hui la Porte Taillée) et aboutissait à un bassin situé à l'emplacement de l'actuel square Castan.

De nombreux vestiges de l'ouvrage sont encore visibles aujourd'hui. Mais rien ne subsiste des conduites d'alimentation qui partaient du bassin de distribution : seuls quelques éléments du tuyau de plomb et un robinet en bronze à tête de loup ont pu être retrouvés.

Plusieurs galeries d'égout ont été mises à jour, dont 45 mètres d'un égout de 2,3 m de haut qui aboutissait à l'ancien marais de Chamars. et dans lequel se déversaient de petites canalisations.

L'aqueduc a probablement été détruit au Ve siècle, réduisant sans doute les habitants à utiliser l'eau des sources, des puits et de la rivière. Mais aucun document ne permet de l'attester.

Vestiges actuels de l’aqueduc gallo-romain d’Arcier, années 2000, Direction Communication

1.2) Les sources de Fontaine-Argent et les premières fontaines publiques (XVe siècle - milieu XVIe siècle)

  • XVe-XVIe siècles :
Délibération municipale instaurant la création de quatre fontaines pour Battant à partir des sources de Fontaine-Argent, 14 février 1457, BB6 (f°170).

Les quatre premières fontaines publiques de Besançon sont aménagées dans le quartier Battant dès 1457. Elles se situent place du Pilori (actuellement place Jouffroy-d'Abbans), au carrefour de Battant (place Bacchus), à Charmont et à Arènes (l'emplacement de ces deux dernières n'a pu être déterminé). Pour les alimenter, les sources de Fontaine-Argent sont dérivées avec des canalisations essentiellement constituées de troncs d'arbres évidés, appelés « bournels ». 

Délibération municipale désignant Jehan Camiron maître des fontaines, 1531, BB14, (f°102v°).

Les habitants de la rive gauche doivent attendre le milieu du XVIe siècle pour voir des fontaines de ce côté du Doubs. En 1541, le Magistrat de Besançon décide d'ériger trois fontaines le long de la Grande Rue, aux frais de la cité : contre la façade de l'Hôtel Consistorial (Hôtel de Ville), devant le couvent des Carmes et devant l'hôtel du comte de la Tour Saint-Quentin (128-130 Grande Rue). Pour alimenter ces trois nouvelles fontaines, une conduite en bois franchit le pont Battant, unique pont de la ville à l'époque. Un des gouverneurs de Besançon est désigné comme commissaire aux fontaines chargé de veiller à leur bon fonctionnement. Seules deux des quatre fontaines d'origine subsistent alors : place du Pilori et place Battant. 

La fontaine des Carmes située Grande Rue, début XXe siècle, CP-B-P47-0017.

Les fontaines de la Boucle n'offrent pas un service régulier. L'assemblage des bournels manque d'étanchéité. Si les fontaines de Battant peuvent être alimentées par gravité, l'eau remonte péniblement le pont Battant pour atteindre celles de la Boucle. Cela entraîne la suppression de la fontaine des Carmes en 1549. 

Résolution municipale pour l'entretien des fontaines aux dépens de la ville avec ordre de nettoyer toutes les rues et ruelles de la ville, 14 novembre 1466, BB7 (f°314v°).

L'entretien des fontaines et des conduites est assuré par un "maître des fontaines" ou "fontainier" qui traite à forfait avec la Ville. Il est probable que de tels marchés d'entretien aient été passés dès la mise en fonction des premières fontaines. La première mention connue date du 14 août 1531 : « Jehan Camiron a este institué maist[re] des fontaines aux gaiges acoustumés et a prêté serment » (BB14, f°102v°). 

Délibération municipale confiant la surveillance des fontaines à Henri Grenier, 18 décembre 1466, BB7 (f°319).

Les eaux usées coulent dans la rigole centrale de la rue pour aboutir à la rivière ou à un puits perdu. On utilise parfois des fossés peu profonds, recouverts de planches, censés faciliter l'évacuation des eaux. Mais ils ne font que repousser le problème sur la rue voisine et s'engorgent régulièrement de détritus, en dépit des interdictions promulguées par les nombreux édits municipaux.

Jusqu'au XIXe siècle, le problème des eaux usées reste à la charge des riverains qui doivent assurer les travaux d'entretien, de curage et de reconstruction des puits perdus ou des conduits d'évacuation.

  • L’embellissement des fontaines au XVIe siècle :

Reconstitution de la fontaine de la façade de l’Hôtel de ville par P. Marnotte avec un groupe en bronze de Charles Quint, 1874, Yc Bes E1

L’embellissement des fontaines débute au milieu du XVIe siècle. Jusqu’alors, les fontaines sont modestes puisque constituées de cuves en bois, remplacées par des cuves en pierre à partir de 1552.  

Fontaine de la place Marulaz, début XXe siècle, CP-B-A1-0044.
Fontaine Saint-Jean rue du Cingle, début XXe siècle, CP-B-A1-0087.
Fontaine place de l’Hôtel de Ville, début XXe siècle, CP-B-P48-0097

En 1555, un mécène offre de décorer à ses frais la fontaine du Pilori. Puis, c’est le Magistrat qui confie au sculpteur Claude Lullier l’embellissement des autres fontaines : 

- La Poissonnerie en 1564, avec « une effigie de pierre en forme d’ung monstre marin ».

- La fontaine de l’Hôtel Consistorial en 1566, avec un monument à la gloire de Charles Quint (statue fondue en 1792).

- La fontaine des Carmes en 1566, doyenne des fontaines encore visibles aujourd’hui, représentant Neptune assis sur un dauphin.

- La statue de la fontaine Bacchus en 1579, dont les vestiges sont aujourd’hui conservés par le musée des Beaux-arts et d’Archéologie de Besançon.

Fontaine des Dames rue Nodier (Ville de Besançon), années 2010, Direction Communication.

Au cours des siècles, ces fontaines et les suivantes ont souvent été déplacées de quelques mètres, parfois reconstruites, mais rarement démolies. 

Elles ont parfois fait l’objet de vol, lorsque leurs statues et décorations étaient composées de métal. 

Détail de la fontaine Wallace promenade Granvelle, années 2010, Direction Communication.
Détail de la statue de la fontaine du square Saint-Amour, années 2010, Direction Communication.

Avec le développement du réseau d’eau et de l’accès à l’eau courante dans les habitations à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle, les fontaines ont peu à peu perdu leur rôle d’approvisionnement en eau pour n’avoir plus qu’un usage esthétique au cœur du paysage urbain. 

Cascade de la source de la Mouillère, début XXe siècle, CP-B-P19-003.

Fontaine place de la Révolution, début XXe siècle, CP-B-P48-0010.

1.3) Les eaux de Bregille (milieu XVIe siècle - XVIIIe siècle)

Au milieu du XVIe siècle, les deux fontaines de la Boucle ne suffisent pas

En 1557, un nouveau projet pour l'établissement de seize fontaines est présenté par « Francisque Dantre, homme du pays de Savoye ». Après avoir accepté sa proposition, le Magistrat de Besançon prévoit aussitôt d'établir au moins une nouvelle fontaine au marché aux Poissons (actuelle place de la Révolution).

Télécharger l'Ordonnance municipale concernant la propreté des rues et places de la Cité, 1784, DD158, (pièce 72).

Affiche portant interdiction à tous particuliers de jeter des déblais dans le ruisseau de Bregille et dans le Doubs, 1770, 5Fi5

Pour réaliser ce projet, le choix se porte sur les sources du vallon de Bregille, plus abondantes et plus proches de la ville que celles de Fontaine-Argent. 

Cette idée était envisagée dès le XVe siècle. Mais la commune étant en conflit avec l'archevêque, propriétaire des terres de Bregille, sa concrétisation ne voit le jour qu'au XVIe siècle avec l'amélioration de leurs relations. 

Plan du Petit Chamars de Besançon avec deux projets de canaux pour l’écoulement des eaux, 1786, DD161 (pièce 11).

Les deux sources les plus élevées sont captées : la source de la Doin et la source du Moine, appelées aujourd'hui « haute » et « basse ». Deux conduites distinctes amènent l'eau par les portes de Battant et du Petit Battant, se réunissent à la fontaine du carrefour de Battant et une seule canalisation dessert les autres fontaines de la ville. Le 22 mai 1559, le raccordement de cette nouvelle alimentation est en fonction.  

Les canalisations des eaux de Fontaine-Argent sont supprimées dès la mise en service du nouveau réseau. Malgré un débit plus important, la nouvelle adduction des eaux de Bregille ne permet que l'installation de la fontaine du marché aux Poissons et la remise en service de celle des Carmes. 

Plan du Petit Chamars de Besançon avec deux projets de canaux pour l’écoulement des eaux, 1786, DD161 (pièce 11).

Au milieu du XVIIe siècle, les réparations ne suffisent pas à pallier à la vétusté du réseau, déjà centenaire. De plus, les conduites de Bregille sont vulnérables hors des remparts et elles souffrent des dégradations faites par les passants.

La construction du pont de Bregille, terminée en 1689, permet de mettre en place en 1698 une grande conduite qui raccourcit de manière significative le parcours des eaux. L'alimentation de la Boucle, désormais au début du réseau, s'en trouve améliorée au dépend des fontaines de Battant. 

Au XVIIIe siècle, les bournels en bois sont remplacés par des tuyaux en fonte, améliorant l'étanchéité du réseau, même si elle reste imparfaite. De nombreux aléas perturbent toujours la distribution d'eau : manque d'argent pour les grosses réparations, sécheresses et gelées affectant les sources, destruction du pont de Bregille en 1778 à la suite d'inondations obligeant les habitants à s'alimenter aux puits publics et privés...  

Affiche relative à la rupture du pont de Bregille et de la canalisation d'eau la traversant, enjoignant les propriétaires de puits à permettre leur accès aux autres habitants, 1778, DD172 (pièce 17).

Plan des sources et réservoirs des fontaines à Bregille, 1741, DD169 (pièce 5).

Extrait des registres du Parlement sur les dangers provoqués par les eaux évacuées par les brasseries, 1778, DD158 (pièce 87).

Le manque d'eau laisse sans réponse le problème de l'évacuation des eaux usées. Cependant, les autorités municipales prennent certaines mesures. Des carrefours sont refaits et des canalisations sont construites pour améliorer l'évacuation des eaux vers le Doubs, mais sans plan d'ensemble.

Côté réglementation, les ordonnances établies après la conquête française précisent la législation, notamment pour les « lieux communs, creux à fumiers, ceux des tanneries, égouts et autres semblables ». Dès le début du XVIIIe siècle, la vidange des fosses d'aisance est probablement assurée par des entrepreneurs spécialisés. Les déchets sont épandus dans les champs. 

  • Les concessions de « filets » d’eau :

Dès le XVIe siècle, de rares bisontins bénéficient du privilège d’une alimentation en eau particulière. Des « filets d’eau », dérivés de la conduite principale, sont ainsi accordés par la Ville. En 1549, Nicolas Perrenot de Granvelle est le premier à profiter d’« un filet d’eau de la grosseur d’un doigt commun et raisonnable » (BB25, f°223v°), soustrait à la fontaine Saint-Quentin pour alimenter une fontaine au milieu de la cour intérieure du palais.

Délibération municipale pour la concession d'un filet d'eau aux prisons militaires, 12 juillet 1768, DD172 (pièce 11).

Lorsqu’en 1664 on accorde de nouvelles concessions de filets d’eau aux couvents des Carmes et des Ursulines, le fontainier Michel Leroy fait remarquer les conséquences de ces branchements sur la régularité des fontaines publiques. La Ville, tenant compte de ses doléances, décide alors en 1665 que l’attribution de filets d’eau ne concernerait que « quelques personnes relevées au-dessus du commun », se réservant le droit de les suspendre (BB89). Au total, douze de ces concessions ont été attribuées à différentes collectivités et personnalités (hôpitaux, archevêché, Intendance...).

Texte de la Délibération municipale pour la concession d'un filet d'eau aux prisons militaires, 12 juillet 1768, DD172 (pièce 11).

Par ailleurs, les fontaines publiques n’étant pas équipées de robinet, une grande quantité d’eau coulait à perte. Ces trop-pleins ont également fait l’objet d’une douzaine de concessions, dont encore une fois le Palais Granvelle, bénéficiaire du trop-plein de la fontaine de l’Hôtel de Ville.

Toutes ces concessions ont été supprimées à la Révolution.

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