Expositions virtuelles > Histoire d'eau (2009)
Histoire d'eau. 4 - Des usages de l'eau au quotidien
Sommaire :
- 4.1) L'hygiène : des étuves aux bains-douches ;
- 4.2) Besançon-les-Bains, ville thermale ;
- 4.3) Le lavoir-abreuvoir du Cerisier
4.1) L'hygiène : des étuves aux bains-douches
- Les étuves (XVe-XXe siècle) :
Malgré la chute de l'Empire romain, le bain reste d'usage au Moyen Age. Et même si elles ne sont pas comparables aux thermes romains, les étuves proposent toujours le bain chaud et l'étuve à air chaud (bain de vapeur).
A Besançon, il ne reste aucun vestige de ces bâtiments, mais on en garde de nombreuses traces. La plus ancienne mention relevée évoque en 1450 des bains situés au 1 rue du Grand Charmont.

A partir de 1492, on trouve principalement deux établissements : les étuves de la Tête Noire situées rue du Bordelot (aujourd'hui rue Girod de Chantrans) et les étuves du Cygne qui n'ont pas pu être localisées précisément (peut-être à proximité de la Tête Noire).
Elles s'alimentent probablement en eau des puits ou du Doubs.

Ces établissements acquièrent rapidement une mauvaise réputation, devenant un lieu privilégié de prostitution. La ville multiplie les actions pour moraliser leur fréquentation, y compris l'achat de ces établissements, sans grand succès.
La Tête Noire reste aux mains de la cité jusqu'en 1593, année de sa vente aux enchères. La prostitution s'est déplacée ailleurs, se faisant désormais discrète.
- Défiance et réhabilitation des bains (XVIe-XIXe siècle) :
Paradoxalement, l'amélioration de l'alimentation en eau des XVIe et XIIe siècles correspond à un abandon progressif de l'usage de l'eau pour l'hygiène corporelle. S'ajoutant au discrédit des bains publics, peu à peu désertés, un changement de mentalité s'effectue durant cette période et le bain apparaît désormais comme dangereux. Ambroise Paré (1509-1590) explique par exemple que l'humidité et la chaleur des étuves ramollissent les corps, rendant ces derniers perméables aux microbes à travers les pores de la peau.
Le bain n'est désormais plus qu'à usage thérapeutique, délivré notamment par les barbiers qui jusqu'alors exerçaient dans les étuves. L'eau n'est plus utilisée que pour le visage et les mains et on use de linges propres et de parfums pour le reste du corps. Cependant, à la saison chaude, les bains de rivière sont fréquents, mais risqués car ils provoquent de nombreuses noyades.


Supra : Edit du roi pour l’établissement de vingt barbiers baigneurs étuvistes et perruquiers de la ville et faubourgs de Besançon, 1700, HH33 (pièce 8), p. 10-11
Pour pallier à ces accidents et grâce aux idées des médecins des Lumières, les bains publics réapparaissent dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Et en 1771, la Ville autorise le sieur Suard à installer des bains publics à Chamars, qui ont fonctionné jusqu'à leur démolition en 1830 pour l'aménagement de la Gare d'eau.
Avec la disparition des bains de Chamars, le XIXe siècle offre principalement aux Bisontins les bains froids, c'est-à-dire les bains de rivière qu'on trouve notamment près du bastion Saint-Paul ou vers le pont de la République. Mais ils restent soumis à la pollution des eaux et sont cause d'accidents et de noyades.
- Les bains douches (XXe siècle) :
Les choses évoluent au début du XXe siècle avec les œuvres sociales de la Caisse d'Epargne de Besançon, qui est à l'origine du projet d'installation de bains douches populaires, dans l'objectif de permettre au plus grand nombre l'accès aux bains. En juillet 1910 s'ouvrent les premiers bains douches au 4 rue Proudhon, proposant douze cabines au public. Dès son ouverture, l'établissement connaît une fréquentation telle qu'il faut parfois refuser du monde, notamment les samedis et dimanches. Encouragée par ce succès, la Caisse d'Epargne poursuit ses œuvres en novembre 1911 avec les bains douches de la Madeleine, et en juillet 1921 avec l'établissement de la rue Belfort aux Chaprais.
Dès 1925, des bains douches municipaux sont envisagés dans le cadre de la construction de la cité-jardin de Saint-Ferjeux. Ils ouvrent au public au 28 rue du Caporal Peugeot le 2 juin 1932.
En 1946, une délibération du Conseil municipal lance l'acquisition des trois établissements de la Caisse d'Epargne, en vue de leur exploitation par la Ville.

Avec l'amélioration des conditions de vie, la fréquentation des bains douches diminue : l'établissement de la rue Proudhon cesse son activité à la fin des années 1970, celui de Saint-Ferjeux en 1983 et celui de la rue de Belfort en 1990. Les bains douches de la rue de la Madeleine fonctionnent jusqu'en 2004.
4.2) Besançon-les-Bains, ville thermale
La station thermale de Besançon doit son origine à la découverte accidentelle d'eaux salines sur la commune limitrophe de Miserey en 1866. Plus de vingt ans après, la Compagnie des Bains salins de la Mouillère lance la construction sur le site de la Mouillère d'un équipement à la pointe du progrès, composé d'un établissement thermal, d'un casino et d'un hôtel de 80 chambres, inauguré en juillet 1892.
Besançon est alors rebaptisé « Besançon-les-Bains ». Les eaux salines de Miserey sont rapidement reconnues pour leurs vertus thérapeutiques dans le traitement de nombreuses affections : maladies des os et des articulations, rhumatisme, goutte, maladies enfantine, maladies spécifiques aux femmes…
Un autre équipement est construit à l'usage des curistes : le Kursaal. Ce nom signifie littéralement "salle de cure", et par extension lieu de distraction des curistes dans une ville d'eau. Construit en 1892, le Kursaal-Cirque de Besançon est composé à l'origine d'une brasserie et d'une salle de spectacle et de cirque.
Malheureusement, le thermalisme à Besançon a rapidement décliné. Faute de curistes en nombre suffisant, la Ville doit se résoudre à racheter les bâtiments du complexe de la Mouillère en 1932.
4.3) Le lavoir-abreuvoir du Cerisier
Avant son urbanisation dans les années 1960, Châteaufarine est un territoire dédié aux cultures et à l'élevage. L'eau y joue donc un rôle très important. Mais sa situation géographique l'a tenu éloigné des premiers réseaux d'alimentation. Jusqu'au XIXe siècle, sers habitants ne peuvent utiliser que l'eau recueillie dans les citernes et l'eau du Doubs, avec les inconvénients que cela comporte en période de sécheresse.
Dans ces conditions, une source, appelée « fontaine du Cerisier », apportait un apport d'eau non négligeable. Un premier projet prévoie l'aménagement de cette source en 1812. Il ne se concrétise qu'en 1843 et aboutit à la construction d'un lavoir-abreuvoir. Mais la source se tarit. Au début du XXe siècle, les habitants de Châteaufarine se retrouvent à nouveau réduits à utiliser l'eau de rivière et de pluie. Il faut attendre la construction des réservoirs des Tilleroyes et de la Corne pour que la situation s'améliore. Ensuite, l'urbanisation de Planoise va permettre la mise en place d'un réseau d'alimentation complet.
Le lavoir-abreuvoir du Cerisier est toujours visible aujourd'hui : c'est le seul lavoir bisontin qui subsiste.
Accéder aux autres parties : Introduction ; 1. Les prémices ; 2. L'émergence des réseaux modernes ; 3. Face à l'expansion urbaine ; Supplément : Les fontaines de Besançon.
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